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Dans cet essai peu connu, Oliver Sacks, le neurologue-écrivain auteur de L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau s'intéresse à la surdité selon un point de vue très particulier : celui du langage et plus précisément de la langue des signes ou Signes comme ils sont désignés dans le livre. La langue des signes est effectivement le fil conducteur de l'essai, prétexte à retracer une histoire de la surdité (histoire du regard porté par les entendants sur les sourds, histoire de la culture sourde, histoire des langues signées), à brosser un tableau de la culture sourde d'hier et d'aujourd'hui, mais surtout, occasion une nouvelle fois donnée à l'auteur d'aborder l'un de ses sujets de prédilection : les processus neurologiques (et extra-neurologiques) qui sous-tendent la possibilité de communiquer.
Et c'est là que ce tableau très prometteur s'assombrit. Car bien que fidèle à son approche scientifico-humaniste, qui tente toujours d'élargir le point de vue scientifique à une vision globale teintée de sociologie et de philosophie, Oliver Sacks se perd durant un gros tiers du livre dans une dissertation technique sur les bases neurales de la grammaire spatiale des Signes, qui parviendra à rebuter même les spécialistes les plus intéressés par le sujet. Il faut dire que la tâche de vulgarisation n'est pas facile en la matière et que la structure du livre en trois parties écrites à des années d'intervalle ainsi que les très (très (très (très))) nombreuses notes de bas de page (qui doivent représenter un bon quart du texte) n'aident pas.