Vous vous regardez si attentivement vivre que vous en oubliez de vivre.

Le vent dans la nuit

Ainsi commence ce livre aux odeurs d'antan, je me retrouve à tourner délicatement ces pages usées par les années, envoutée par cette aura directement issue de 1930. Telle est alors ma surprise lorsque je m'aperçois que les mots sont simples, les phrases sont courtes, les descriptions sont minimales et le narrateur est si perturbé. Ou plutôt perdu vis-à-vis de lui-même.

Le prince menteur

Le chapitre commence, je ne suis plus dans les Alpes mais devant la Sorbonne. Déboussolée je me rends compte que s'ouvre une seconde histoire sans lien avec la précédente qui m'avait tenue en haleine et qui, en réalité, me laissait l'entière tâche de décider de la chute des péripéties. Ce second volet de l'oeuvre se dévore tout aussi rapidement, le narrateur est plus sceptique qu'en proie à ses émotions, et la fin laisse encore un vaste espace à mon interprétation.

Master Jones

A partir d'ici, le narrateur est externe et se trouve en proie non plus à ses pulsions ni ses doutes mais à ses souvenirs. Et me voilà encore une fois partie dans l'esprit d'un homme tourmenté, pour lequel les événements sont incertains, mais dont la fin est bien plus claire et fatidique.

La nuit du coeur flambant

S'ouvre enfin ce dernier passage où le personnage central oscille comme le veut l'oeuvre mais n'oscille plus tout seul. C'est certainement le récit le moins palpitant, le plus surprenant, comme si le pas de l'avant qui était attendu se trouvait en réalité être une régression. Néanmoins, je ne peux pas cacher mon attirance toute particulière pour l'homme mystérieux à l'accordéon, certainement le personnage le plus insondable du livre entier.

En somme, il s'agit ici d'une découverte littéraire inespérée, d'un style rhétorique simple et percutant. J'ai tout simplement adoré.