Sophismes, anecdotes et digressions

Un titre génial pour un contenu si pauvre, si approximatif, si faux. Une impression que La Boétie n'est qu'un de ces fameux compilateurs, qui n'a rien inventé, ni même jamais rien pensé, mais que l'Histoire retient pour avoir su regrouper les idées de penseurs véritables. Il faut reconnaitre à ce texte quelque qualité sur la description du garde-fou de cette servitude volontaire à travers l'habitude et l'abêtissement, sans pour autant se montrer capable de remonter à l'origine de l'aliénation même.
Cet homme nous dit que la nature crée les animaux libres et égaux ! que n'y a-t-il de moins vrai, eu égard à la loi, on ne peut plus naturelle, du plus fort. Qu'il n'y a rien de moins naturel que l'injustice ! mais c'est justement parce que le monde est naturellement injuste que l'homme s'est pris à établir la justice.
Ce qu'il convient de mentionner, c'est que l'origine de la servitude volontaire se trouve dans la formation de l'Etat (lire Franz Oppenheimer), lorsque des groupes d'individus qui se sont sédentarisés pour profiter des richesses de l'agriculture ont été pris en otage par des groupes de nomades qui, au lieu de les exécuter, ont profité de leur ascendance pour jouir des fruits de leurs efforts, tout en apportant aux exploités une défense contre d'éventuels futurs assaillants. Alors, pour sortir de cette servitude volontaire, il suffit de sortir de l'Etat : thème qui n'est absolument pas abordé dans le texte.
Le problème majeur de l'ouvrage est qu'il ne traite que de la servitude occasionnée par un gouvernement tyrannique, comme s'il était possible de lui trouver une légitimité dans les démocraties où l'on retrouve pourtant les mêmes artifices d'abêtissement et d'habituation. La conclusion à donner, c'est que le peuple n'a que ce qu'il mérite, plût au ciel qu'il souffre encore mille ans de son aboulie !
Il n'y a que des médiocres, des non-penseurs, et finalement des esclaves pour estimer ce piètre discours qui m'eut pourtant semblé excellent avant même de l'avoir lu.