Tout ou rien...
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Marcel Duchamp. Le maître à penser d'une grande partie de l'art contemporain (comme on dit), un des inspirateurs du Pop-Art. L'homme de l'urinoir "ready-made". L'homme qui lui-même se définissait comme "un prototype". Dont l'essentiel de l'oeuvre, au fond peu abondante, est conservé à la fondation Arensberg à Philadelphie.
Evidemment, quand on veut se familiariser à l'oeuvre d'un tel homme, on a peur de tomber sur un ouvrage dithyrrambique, obtus et violeur de dyptères. L'ouvrage de Pierre Cabanne, au contraire, est à la fois fort informé et sait se contenter d'être une introduction, qui alterne les rappels biographiques et les descriptions d'oeuvre, sans infliger des analyses trop alambiquées/tirées par les cheveux au public lambda que je prétends représenter, et sans abuser de l'adjectif "duchampien". C'est déjà beaucoup.
Ce sera donc une déception pour ceux qui chercheront des analyses conceptuelles fouillées. Mais pour les béotiens comme moi, à la recherche d'un premier contact pas trop douloureux, c'est parfaitement calibré.
Le livre se découpe en cinq parties, et ses 200 pages sont fort vite lues puisque les illustrations, fort bien choisies, alternent avec le texte.
1 - Un jeune provincial de bonne famille.
On suit les premières productions de Duchamp, le benjamin de trois frères peintres. Jusqu'en 1912, il suit en dilettante les grandes modes picturales qui se succèdent : fauvisme (c'est Matisse qui éveille sa sensibilité de peintre), puis cubisme, futurisme et amitiés avec des gens comme Apollinaire ou Picabia. Il aura une rupture après que son Nu descendant un escalier (1912) ait été écarté d'un salon par ses amis cubistes, qui estimaient que sa peinture parodiait leur style.
2 - "L'idée de la mariée me préoccupait".
Un chapitre court, sur les principales oeuvres que Duchamp reprendra pour les intégrer à ce qu'il considérait comme son grand-oeuvre, La mariée mise à nu, notamment Mariée (1912), inspiré du mariage d'une soeur ressenti comme un abandon ; Broyeuse de chocolat n° 2 (1914) ; le premier ready-made (Roue de bicyclette) ; Réseau de stoppage ; Glissière contenant un moulin à eau, etc...
3 - New York-Paris, les années dada.
Inconnu en France, Duchamp avait provoqué aux Etats Unis un véritable tollé, à travers son Nu descendant un escalier, présenté lors d'un salon consacré à l'art contemporain d'Europe. Accueilli par un couple de collectionneurs américains, Louise et Walter Arensberg, il fait des allers-retours entre New York et Paris, menant une vie de dandy. C'est là que se placent le fameux urinoir (Fontaine, 1917), les travestissements sont le pseudonyme de Rrose Sélavy ; les Rotative Plaques verre.
4 - Le Grand Verre et ses environs.
Ce chapitre, très court, est consacré au grand oeuvre de Duchamp, La mariée mise à nue par ses Célibataires, même (Le Grand Verre). On en reste (et heureusement !) plus à une description qu'à une analyse pointue de sa signification. A noter aussi l'astucieuse (et commerciale ?) Boîte en valise de 1943.
5 - Naissance et postérité d'un mythe.
On survole la découverte de l'oeuvre de Duchamp par une nouvelle génération d'artistes dans les années 1950 (Rauschenberg, Warhol, etc...). Et enfin sur la découverte posthume de sa dernière oeuvre, une installation troublante, Etant donnés 1) la Chute d'eau ; 2) le Gaz d'éclairage, composé d'une porte à travers laquelle on ne peut regarder que par deux trous, pour tomber sur une scène très dérangeante. On termine sur le legs considérable de Duchamp dans l'art contemporain.
Les spécialistes reprocheront à ce livre de ne faire qu'effleurer l'exégèse de cette oeuvre, son message vis-à-vis de l'art, de la condition humaine ou que sais-je. L'auteur insiste plutôt sur l'aspect iconoclaste et détaché de Duchamp, qui même lorsqu'il s'inscrivait dans un mouvement artistique, ne recherchait pas le contact et a laissé se bâtir la réputation d'un créateur (il n'aimait pas ce mot) visionnaire et isolé.
Le livre contient des photos de famille et utilise comme leid-motiv les pièces d'échec dont Duchamp fut un ardent et talentueux joueur).
Bref, un bon ouvrage d'introduction à l'oeuvre de Duchamp.
Créée
le 22 sept. 2018
Critique lue 77 fois
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