Entretien avec un Vampire, c'est l'histoire d'un vampire qui se pose dans une pièce avec un jeune homme et qui lui conte son histoire. Son histoire, elle s'articule autour de la transformation de Louis, le narrateur principal, en vampire ainsi que ce qu'implique sa transformation, les rencontres qu'il a fait, les rencontres qu'il aurait peut-être ne pas dû faire.
Nous avons là un vampire très humain, qui pense et qui ressent comme lorsqu'il était un humain et cet état lui est reproché. On oublie souvent qu'on est dans un roman ayant pour thème les vampires, mais l'idée est intéressante car l'histoire globale approche différente façon d'être un vampire, divers degré de s'imprégner du rôle. De cette manière, on nous présente cinq vampires tous plus différents les uns des autres : Louis, le vampire trop humain, Lestat, Claudia, Armand et Santiago.
L'histoire, on la revit à travers les yeux de Louis, ce qui peut expliquer qu'on ne s'attarde pas sur les personnages secondaires mais qu'en revanche, on a des couches et des couches des sentiments de Louis. C'était appréciable, seulement jusqu'à un certain point. En effet, on peut en venir à se demander pourquoi les descriptions sont toujours si précisent, même lorsqu'il s'agit des micro-mouvements/impressions humains car, en dépit de l'apport poétique que cela ajoute, ça engendre également des lourdeurs facilement évitables et qui finissent par devenir ennuyeuse.
A ce fait s'ajoute le suivant : ces longues descriptions qu'on pourrait dans un premier temps attribuer à la personnalité de Louis, en ce disant que c'est dans sa manière de s'exprimer que de faire des phrases à rallonge, truffées de détails superflus, seraient plutôt l'erreur de l'auteur. En effet, une fois que le vampire achève son récit et que le narrateur externe reprend la main, les descriptions minutieuses persistent, on ne fait donc plus la différence entre le style du vampire et la plume du narrateur. Le narrateur externe et le vampire parle de la même manière, le récit perd, d'un coup, en crédibilité. Le narrateur externe ne reprenant les rennes du récit qu'à la toute fin du roman, on ferme le bouquin avec ce constat amer de la plume identique entre deux entités distinctes.
Passons outre. Une idée plaisante, est celle de l'enfant-vampire, l'enfant voué à mûrir mentalement mais à garder son apparence enfantine. Tout ce qui a découlé de cette idée valent le détour. On se retrouve avec une relation père/fille, amant/amante ambiguë, incestueuse si on peut le suggérer. Certaine édition ont basé leur quatrième de couverture sur Claudia. Pourquoi pas, c'est une perspective intéressante mais l'histoire est vraiment centrée sur Louis, son humanité et ce que ça implique. Claudia est une partie importante, probablement la plus intéressante avec Armand, mais je pense que c'est une histoire annexe qui sert essentiellement à introduire les thèmes de l'amour sous tous ses dérivés, de la parenté, du clan, de la différence, de la problématique vampirique.
A propos de la problématique vampirique, des questions sont posées sans qu'on obtiennent l'ombre d'une réponse satisfaisante. C'est hypothèse sont lancées puis laissées à l'abandon, ce qui est le cas des créatures sans âme en Transylvanie, des créateurs de vampires, de leur morts. Il n'y a jamais de vrai réponse. Certes, l'incertitude créée une sorte d'angoisse, de malaise qui correspond au genre auquel ce roman est revendiqué mais à côté des amas de descriptions dérisoires, quelques réponses plus précises auraient mieux valu car les questions suscitées ne sont pas assez savamment amenées, soit on reste dans une attente déçue, soit on se fiche de la réponse puisqu'on se doute qu'elle ne sera pas satisfaisante et que d'autant plus, elle n'apportera rien ou peu à l'intrigue.
Dernier point : la forme du récit. L'entretien suggère un dialogue, qu'on a. Mais était-ce judicieux ? Le « jeune homme » intervient très rarement et ne fait que de la figuration, par le fait. On comprend difficilement le but de cet entretien. On espère qu'on aura la réponse dans les dernières pages, eh bien non. On termine sur un espèce de cliffhanger que rien, dans le récit du vampire ni les rares interventions de l'interviewer, ne justifiaient ce qui aboutit à une non-fin. C'est frustrant car après avoir eu tant de détails, on espère quand même avoir une raison incroyable qui donne du crédit à l'interview même. Eh bien non, ce moment n'arrive pas.
Peut-être l'histoire aurait eu plus de crédibilité si le vampire, au lieu de passer un entretien, s'était épanché dans son journal intime, ou si le vampire avait été le narrateur personnage. Là, il est le narrateur personnage d'une histoire dans une histoire et au bout du compte, on ne trouve pas la justification de cette mise-en-abyme.
Pour conclure, j'attendais beaucoup de ce roman, au final il m'a déçu. J'ai peiné à le lire à cause de la multitude de détails superficiels qui, dans premier temps, étaient beau, donnaient de l'élégance au récit, mais qui l'on au final alourdi. On nous raconte en 400 pages ce qu'on aurait pu mieux raconter en moins. La forme du roman, l'entretien, a terminé de me convaincre, mais, hélas, trop tard, que le roman laisserait un goût d'inachevé une fois la dernière ligne lue.