Entre science-fiction et vision pessimiste d’un futur qui pourrait bien arriver plus tôt qu’on ne le pense, Eternity Express met en lumière des problèmes bien complexes, avec en son centre, celui de la population vieillissante et des crises économiques qui vont avec. Bien qu’à l’heure actuelle, ce problème est encore loin d’atteindre l’envergure décrite dans le livre, il ne manque pas de devenir chaque jour toujours plus alarmant.

La trame de base du roman est assez facile à saisir, dans un futur proche, le nombre de personnes âgées est devenu tel que les gouvernements de l’Union ont fini par signer une « loi de délocalisation du troisième âge ». Des retraités font donc leurs valises et s’entassent dans des TGV luxueux pour un aller simple vers la Chine, où ils pourront encore profiter de nombreuses années de tout ce que Clifford Estates, un « village » construit pour eux, a à leurs offrir, allant des somptueuses villas avec piscine, jusqu’aux toutes nouvelles médecines de pointe, qui sans aucun doute leur accordera encore quelques belles années.

Mais l’histoire elle-même est beaucoup plus complexe. Au vieillissement de la population s’ajoute de nombreux problèmes économiques et diverses sombres réalités. De nombreuses questions sont abordées comme l’euthanasie, l’acharnement thérapeutique, la prolongation de l’espérance de vie, l’impossibilité pour les retraités de mourir où ils sont nés, fautes de moyens, l’impuissance des familles devant voir leurs aînés s’expatrier pour le bien de l’économie interne et même la question de la délocalisation, que ce soit en parlant de l’expatriation des personnes âgées ou même de la construction des « villages troisième âge » en Chine, où les prix défient toute concurrence… Certaines de ces questions se posent déjà, les autres se poseront-elles bientôt ? Lors de leur trajet en train, nous découvrons d’autres noirs secrets, bien occultés par les gouvernements.

Avec tous ces problèmes, toutes ces horreurs, le lecteur est forcé de remettre en cause le monde dans lequel il vit. De nombreux parallèles avec des réalités qui dérangeaient autrefois mais ne dérangent plus aujourd’hui sont faits par les personnages principaux, Jonathan, médecin de l’Union au passé trouble et son ami Xuan, grand homme d’affaire chinois au passé encore plus douteux. Des liens très intéressants sont faits avec le passé, notamment avec la déportation de tous ces braves petits vieux à l’autre bout du monde, qui a pour eux un air de deuxième guerre mondiale ! Bien sûr, pas pour les mêmes raisons, ils s’en vont, eux, pour un lieu de rêve où écouler leurs vieux jours, mais ils se sentent tout de même trahis, arrachés à leur patrie, mis injustement sur le carreau après de longues années de travail acharnés.

Tous ces liens et discussions nous laissent entrevoir une seule chose : tout ce qui arrive pourrait très bien nous arriver et la fiction pourrait aisément laisser place à la réalité. L’économie, le monde, la vie, tout ne tient qu’à quelques fils, tirés par les plus riches, par des grands chefs comme Xuan.
Jacana
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le 4 août 2014

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