Quand j’aime un minimum je mets 10. C’est un peu n’importe quoi. Du coup là je mets neuf, ça a plus de sens.
Je suis peu habitué à me prendre au sérieux. Je doute beaucoup, dans l’autodérision souvent, c’est mon astuce pour avoir de l’imagination. J’épilogue, mais je me moque toujours un peu de moi. C’est plus facile je trouve. Mais là j’aimerais bien faire quelque chose de sérieux, une critique sincère. J’avoue que c’est plus facile d’être entier quand on sait que l’auteur lira. Je sais qu’au pire il peut essayer de me retrouver pour me péter la gueule en me criant dessus « c’est pas du tout ce que je voulais dire ! ». Et ça me rassure. Vous voyez, j’arrive pas à être sérieux. Pourtant je suis sincère. Et je suis narcissique. Au temps pour moi.
J’ai beaucoup aimé ce recueil de poèmes, et je le relirai je pense. De temps en temps. Pour le plaisir. Pour l’édification aussi un peu. Je m’identifie souvent dans les mots de Rimbaud (Warrior j’entends, même si l’original me plaît beaucoup aussi), comme un lecteur devant un miroir. Comme l’humble écriteur que je suis, aussi, quelqu’un qui sait ce que c’est que d’être obsédé par ses propres mots… Alors là, dans ce recueil, quand je m’identifie, en lecteur et/ou en écriteur, c’est comme du petit lait, vieux quand même, fermenté juste comme il faut.
Et puis j’étais pas convaincu tout le temps, parfois, mais je comprends un peu quand même. Des fois je lutte pour ne pas être convaincu aussi je crois… des fois je retourne le texte à ma manière aussi, pour donner un sens qui me plaît. De toute façon j’ai bien compris qu’on cherchait plutôt à me faire essayer de comprendre, et/ou à me faire ressentir ; et non à me convaincre, ou à me faire fondamentalement comprendre. Quel poète chercherait à convaincre qui que ce soit d’autre, que le potentiel amour à s’ouvrir. En même temps l’amour c’est large…
Que ce soit l’amour d’une femme ou celui d’un camarade, d’un autre poète (ils sont tous poètes à leur manière), c’est un détail j’ai envie de dire. L’amour est extrêmement pluriel. On peut aimer un livre par exemple. Ses propres écrits mêmes parfois. Mais ça, ça se dit pas, c’est un peu de l’onanisme. Une preuve d’amour qu’on garde un peu pour soi… le faire en publique demande du courage. Rimbaudwarrior m'épate là-dessus. Mais ma métaphore devient glauque…
Pour s’ouvrir au texte, faut chercher à comprendre. Pas forcément comprendre (est-ce de toutes manières vraiment possible ?). Juste essayer. Juste chercher un peu à. Juste se faire un peu violence à soi, quand on bute sur des mots, ou des propositions. Sinon on passe à côté. Ou en force… c’est la beauté de la poésie, rendre la curiosité indissociable de la bienveillance.
Rah je suis mauvais pour les critiques formelles, même quand j’essaie sincèrement. Désolé. Des fois j’ai l’impression de m’agiter pour qu’on me regarde moi. Mais j’ai beaucoup aimé ton recueil, je me suis vu parfois, et j’ai parfois vu quelqu’un d’autre. Aller dans le détail n’aurait peut-être pas de sens, si ce n’est pour moi.
Mais quand même, je donne une mention spéciale à ces vers, au début :
*Mais ce dont j’ai besoin
N’est qu’un vieux film
En noir et blanc
Et j’ai là ce stylo
Et j’ai là ce fond d’encre d’homme
Rouge*
(Désolé, je n'ai pas de pages pour respecter l'enjambement)
Le noir et blanc, pour moi, ce sont les rêves sublimes de l’homme rouge (rouge parce qu’avec du sang dans les veines, et rouge parce que un peu altruiste idéaliste lucide septique amoureux faut dire, voir un peu indien d’Amérique). Les rêves qui font pleurer quand on y pense, et qui n’existe nulle part, sauf sur le papier, quand le fond de l’encre est rouge lui aussi.
Mais c’est mon interprétation, c’est mon intimité. Et il y a tout un tas d’autres images qui me parlent. Et je me sens déjà rougir… Merci Rimbaudwarrior, je suis un peu solennel. Ma solennité est un exercice de style, faut l’avouer ; rassure-toi, je me suis aussi amusé.
Je voudrais prendre plein de citations, pour te dire à quels moments. Mais je préfère m’arrêter là.
En espérant, simplement, ne pas être maladroit.