Critique rapide

Une première partie brillante, nettement au dessus des dernières créations de Stephenson. L'exploration de "l'Ameristan" partie de l’Amérique radicalisée et enfermée dans ses convictions par la "bulle de filtres" et les "fake news" est parfaite, et vaudrait un 10/10 et un statut d’œuvre culte au roman. Malheureusement Stephenson se détourne progressivement du monde réel pour se pencher sur le développement du monde virtuel de "Bitworld" avènement du rêve des transhumanistes de tout poil.

La seconde partie s'attarde de manière assez peu convaincante sur la création de cet univers par Edgod l'avatar numérique d'un Dodge amnésique, premier habitant et dieu démiurge de ce nouveau monde créé à l'image de T'Rain (le World Of Warcraft fictif de Reamde). Entre récit biblique et création de monde d'heroïc fantasy à la Tolkien, on peine vraiment à s'intéresser aux enjeux et rien n'est très crédible. Les quelques passages de certains chapitres vers le monde réel "Meatworld" sont les derniers du romans qui arrivent encore à retenir le lecteur.

La troisième partie enfin est un récit de pure heroïc fantasy, avec tous les travers du genre et qui en accumule tous les clichés (cartes dessinées du monde y compris), qui ne peut que décevoir et oublie toute forme de réflexion philosophique au profit d'un récit d'aventure assez bas de gamme.

Reamde et dans une moindre mesure Seveneves souffraient déjà de ce travers, Stephenson semble résolu à gâcher des premières parties brillantes et passionnantes par des secondes ternes et qui ne savent pas conclure, mais dans le cas de Fall c'est encore plus rageant : le premier tiers du roman avait tout ce qu'il fallait pour imposer une œuvre majeure à la lecture indispensable...