Voilà un livre à l’idée rafraichissante pour ceux qui apprécient les histoires plus que l’Histoire.
On peut aimer les deux, mais ici le but n’est pas de traiter des évènements, mais des hommes qui les ont ratés, ou qui ont rendu possible des défaites et déroutes en tout genre.

Le thème est original et attractif, à l’image de son auteur:
Clémentine Portier Kaltenback écume les ondes radio et télé où les émissions d’histoire ont le vent en poupe: elle y vulgarise l'histoire avec entrain.
Elle ne se revendique pas historienne mais journaliste, et ça se sent.
C’est ce qui donne à son livre ce côté vivant, ce ton désinvolte, ce regard actuel, un œil de journaliste.
Elle a le verbe facile à l’oral, et à la lecture on croirait l’entendre parler.

Il faut reconnaitre qu’elle sait raconter, et ça n’est pas donné à tout le monde.

Oui mais.

Les anecdotes collectées dans le livre sont généralement bien courtes, soit parce que la plupart des personnes qui y sont recensées n’ont au final brillé par leurs erreurs ou incompétence qu’une ou deux fois, et qu’on a oublié les autres.

Soit parce qu’en fait il ne s’agit pas de vrais zéros, mais de victimes d’une histoire qui les a engloutis, ou en a fait des boucs émissaires.

L’auteur est consciente de ce défaut, et elle essaie de le contourner en se justifiant sur le choix de ses zhéros, et décider s’ils le sont vraiment ou pas.
C’est louable, sauf que la première partie du livre passe son temps à expliquer la méthode employée et à la rappeler à l’envi.
Du coup on a l’impression de piétiner avant d’attaquer le vif du sujet.
Pire, une fois qu’on nous a bien fait comprendre qu’on ne traitera pas de tel ou tel type de zhéros, on nous en montre un qui rentre précisément dans les catégories écartées.

On a vraiment l’impression que l’auteur a voulu mettre de l’ordre dans le désordre, et c’est encore pire que si elle ne nous avait pas prévenus.

L’ouvrage gagnerait à l’être qu’un catalogue de zhéros, suivi éventuellement d’une réflexion d’ensemble, mais sans les transitions très scolaires qui les séparent et donnent l’impression de remplir des vides.
On se croirait à la fac quand il fallait absolument expliquer la suite du raisonnement sans arrêt et que le raisonnement en lui même tenait en 2 lignes (je rêverait de relire mes disserts de l’époque pour voir à quel point elles étaient vides).

C’est vraiment dommage parce que l’idée de base est excellente, la façon d’expliquer vivante, mais la construction peu adaptée.

ça n’enlève rien aux qualités de Clémentine Pk qui par son dynamisme ferait aimer ses histoires à n’importe qui.
iori
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Et si en 2014 je me décidais à terminer un bouquin?

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le 1 mai 2014

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iori

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