Gravesend
7.1
Gravesend

livre de William Boyle ()

J’vais te dire pourquoi Gravesend est un must-read et que lui donner une note reviendrait à pisser dans un violon.


Boyle joue à Dieu et pointe son doigt sur un quartier populaire de Brooklyn, mêlant la vie de personnages tellement stéréotypés que la mayonnaise prend directe. J'te cause d'un univers marqué par la filmographie de Scorcese, voir Ray Liotta ou De Niro se pointer pour faire un caméo serait pas une grosse surprise ma gueule. D’ailleurs les références sont citées de manières intelligentes et ce pour notre plus grand bonheur, à conditions d’en être friand.


Tu veux du New-York qui sent la sauce tomate ? Où le rêve américain est une putain de publicité mensongère malgré l’envie d’en faire partie ?


Le contraste old school/nouvelle génération est fulgurant. Les anciens s’acharnent à faire régner une tradition de mafia vieillissante mêlée d’une protection divine face à la jeunesse dopée aux codes culturels des années 90, leur foutant des rêves plein la tête, ou en tout cas, celui de s’échapper de la crasse ambiante du quartier.


Dans ce bordel organisé, Boyle en rajoute une couche. Une couche bien dégueulasse, remplie à ras bord et qui laisse croire qu’elle est sur le point d’être changée.


Le meurtre de son frère ayant changé sa vie à tout jamais, Conway n’a qu’une idée en tête, se venger en tuant l’assassin, véritable star pour toutes les petites frappes locales. Seize ans qu’il attend ce moment, seize ans à ruminer un plan. Malheureusement rien ne va se dérouler comme prévu.


Vu au début du récit comme une sorte de chevalier blanc qui manque de bol et de courage, Conway va lentement sombrer dans le grand n’importe quoi, entraînant avec lui son entourage plus ou moins proche dans une chute sans fond, et dont les vertiges nous tordent les boyaux comme dans un pur film de genre.


350 pages à te bouffer les doigts à cause du suspense, du talent à revendre mon vieux. Gravesend est un polar à lire tant qu’on veuille de la qualité. On pense à Il était une fois dans le Bronx, Il était une fois en Amérique, aux Infiltrés, aux Affranchis, … Boyle est un véritable sociologue, un guide qui nous plonge dans un monde réglé comme du papier musique mais à deux doigts de péter à n’importe quel moment.


Pfiou, encore une lecture dont on va avoir du mal à se remettre. Sublime mon vieux, su-blime.

LouKnox
8
Écrit par

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le 3 juin 2020

Critique lue 105 fois

Lou Knox

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