Je précise immédiatement que j'ai lu une traduction, en l'occurrence celle de Jean-François Ménard. Cela influe sur ma critique de la langue.
En outre je critique ici l'ensemble de la saga Harry Potter.


Je comprends largement l'engouement que l'on éprouve pour cette œuvre : elle se lit très facilement malgré sa taille assez conséquente, on s'attache aux personnages qui grandissent avec nous, ainsi que leurs problématiques, on s'y identifie, l'univers tient bien la route etc.


Alors pourquoi un 3/10 ?


L'univers et le scénario


Le scénario tout d'abord. Il est somme toute assez bien ficelé. C'est l'histoire d'un enfant à l'école et de ses aventures extraordinaires. Pourquoi pas.
Alors que lui reprocher ? Tout d'abord quelques incohérences. Par exemple afin de justifier que les sorciers vivent comme à un Moyen-Âge fantasmé, on explique que l'électricité et la magie sont incompatibles. Sauf que la règle se plie à certaines exceptions,


comme pour la voiture des Wheasley et l'ensorcellement d'une radio par la Résistance.


Un détail dirons-nous, mais je trouve que cela soulève assez bien l'artificialité de l’œuvre, d'autant qu'il s'agit d'un simple exemple mais qui n'est pas le seul (autre exemple l'attribution des maisons à Poudlard).
Autre problème, la facilité du manichéisme. Il existe une très nette démarcation entre le camp du bien et le camp du mal, et cela dessert un propos qui se veut, à terme, assez moralisateur. Les méchants utilisent des sorts de méchants que ne peuvent pas utiliser les gentils qui, eux, usent de la force de l'amour, inconnue des méchants. Mais on entre dans la critique des personnages.


Les personnages


C'est en effet ce que je reproche aux personnages : le manichéisme. Je ne m'attarderai pas sur les personnalités du trio, mais seuls trois personnages sur l'ensemble des tomes arrivent à s'extirper de la dichotomie lumière/ténèbres.


Le père de Harry, qui s'avère être un méchant garçon dans sa jeunesse mais devient un gentil. Sans grand intérêt.
Rogue, l'espion, qui ne sort du manichéisme que parce qu'il est d'une injustice stupide envers ses élèves. Il fait intégralement parti du camp du bien, bien sûr, mais son comportement avec le fils de son ennemi d'enfance relève d'un enfantillage qui devrait l'exclure du corps professoral par le sage Dumbeldore (il y a des objections à cette exclusion certes, mais pas à un remontage de bretelles par le directeur qui est aussi injuste dans son comportement envers Griffondor).
Malefoy fils, enfin, qui n'est pas à l'aise avec le camp qu'il a rejoint par fidélité à sa famille, sort du lot. Je pense que c'est le personnage le plus complexe du roman, voir le seul à avoir un peu de profodeur, et il n'est apparaît vraiment comme tel que dans les derniers tomes.
Les autres personnages sont malheureusement fades et sans intérêts.


La langue


Dans cette critique, je m'en tiens uniquement à la traduction que j'ai lue, ne lisant pas couramment l'anglais.
La style littéraire est celui d'un conte. Mais, hélas, trop pauvre. Certes l'ensemble se lit très facilement, d'une traite sans la moindre fatigue. Mais rien ne relève la langue. Aucune recherche poétique, aucune métaphore, aucune trace de sublime dans cette œuvre.
D'aucuns objectent que c'est normal, c'est pour les enfants. Comparons alors à Bilbo le Hobbit, de Tolkien : ce n'est pas la même chose, élevant la langue. Perrault a beaucoup plus de trouvailles littéraire et se lit tout aussi facilement.
La première véritable métaphore de l’œuvre se situe dans le tome 4 :



Pendant une fraction de seconde, Harry pensa qu'il s'agissait d'un vol de farfadets. Puis il s’aperçut que la forme représentait une gigantesque tête de mort, composée de de petites lumières semblables à des étoiles d'émeraudes, [...] se découpant dans le ciel comme une nouvelle constellation.



Il est dommage de devoir attendre aussi longtemps pour avoir une fulgurance de style.... qui ne se maintient pas.
Je reconnais enfin de nombreux traits d'humour très réussis, qui agrémentent l’œuvre.


Conclusion


En conclusion je dirai que Harry Potter a une réussite de littérature à succès, cherchant dans la facilité un public bienveillant qui lit pour se détendre, opposant la "grande" littérature au plaisir en l'associant à la prise de tête.
Harry Potter jouit du prestige de plaire à ceux qui malheureusement n'ont pas assez lu pour comparer cette œuvre à d'autres ouvrages pour enfants hautement plus intéressants.


Je recommande donc Harry Potter aux lecteurs de Guillaume Musso.

BaronSamedi-SDCE
3

Créée

le 9 juin 2020

Critique lue 1.5K fois

6 j'aime

3 commentaires

Critique lue 1.5K fois

6
3

D'autres avis sur Harry Potter à l'école des sorciers

Harry Potter à l'école des sorciers
SanFelice
10

Hogwarts Express

Relire les romans Harry Potter, c'est d'abord avoir le plaisir de se plonger dans un univers formidable. Poudlard, les baguettes magiques, les portrait qui cachent des portes, le Choipeau, les images...

le 13 juin 2015

74 j'aime

6

Harry Potter à l'école des sorciers
Pravda
7

"Harry Potter à l'Ecole des Sauciers" ça, ç'aurait été fendard !

Commencerai-je habilement par un « C’est magique, Harry Potter ! » pour continuer dans la finesse avec un « C’est l’histoire d’un pré-ado qui fait mumuse avec sa baguette » et finir en étant la 72...

le 30 sept. 2013

42 j'aime

6

Du même critique

Trop semblable à l'éclair
BaronSamedi-SDCE
9

Critique de Trop semblable à l'éclair par BaronSamedi-SDCE

J'ai lu Trop Semblable à l'éclair à travers la traduction de Michelle Charrier. J'ai lu quelques critiques avant de rédiger la mienne et force est de constater que j'ai échappé à la médiatisation de...

le 13 juin 2020

2 j'aime

La Compagnie noire
BaronSamedi-SDCE
4

Une histoire sans méchant

Je précise immédiatement que j'ai lu cette œuvre par la traduction de Patrick Couton et Alain Robert. cela peut influencer ma critique du style littéraire. J'avoue ne pas être naturellement aller...

le 10 juin 2020

2 j'aime

3