Drôle de livre que ce nouvel opus Harry Potter. Les avis que j'ai pu lire à sa sortie en dressaient un tableau peu ragoutant et je ne l'aurais probablement pas acheté. Et puis une âme charitable me l'a offert pour mon anniversaire. Commençons par la forme : c'est une pièce de théâtre et c'est inattendu pour présenter une suite aux aventures de notre héros. JK Rowling a pris le risque de surprendre ses millions de fans en s'aventurant dans un style moins fantaisiste que le roman. Quand on se plonge dans ce texte, ce qui frappe c'est le nombre incroyable de personnages anciens et nouveaux confondus. Les scènes sont courtes (cela dépasse rarement deux pages) et chacune des deux parties comporte deux actes. Chaque scène nous amène dans un nouveau lieu sauf exception. En ayant en tête que c'est du théâtre je dois avouer que je n'arrêtais pas de penser au casse tête qu'avait dû être la mise en scène. A part des écrans vidéo géants je ne vois pas comment ils ont pu s'en sortir. Bref tout cela pour dire que la lecture de la pièce tient davantage du roman que du théâtre. Ce n'est pas plus mal si on se contente de lire dans son salon. Pour le contenu j'ai été agréablement surpris car toute l'histoire est un long hommage aux sept premiers tomes de la saga. Les réferences abondent mais loin de n'être qu'une fanfiction de luxe, la trame de fond n'en est pas moins dénuée d'intérêt : il faut en particulier avoir en tête les tomes 3 et surtout le 4. Le coup des paradoxes temporels est plutôt bien exploité. Il y a aussi ce côté Sliders (la série) qui permet de découvrir ce qui se serait passé si... et de retrouver des personnages morts en cours de route. Par contre quid des nouveaux venus dans le monde des sorciers ? Cette oeuvre ne leur est pas destinée cela crève les yeux. Bien entendu, cela fait plaisir de continuer à découvrir ce qui s'est passé dans la vie des anciens héros qui ont vieilli de vingt ans, mais j'ai trouvé subtile la relation entre Albus et Scorpius. Leurs choix et caractères sont logiques et cohérents car ils résultent directement de ce qu'ont vécu leurs parents respectifs. Leur amitié trouble et touchante est perturbante parce qu'elle contredit ce que leurs parents et nous en attendent tacitement. La dernière partie, dont je vous laisse la surprise est un grand moment d'émotion, et la boucle est finement et brillamment ciselée pour donner envie de reprendre le premier tome. Pas mal je trouve pour une huitième aventure qui loin de n'être que l'exploitation commerciale d'un phénomène, possède une vraie ambition littéraire et théatrale.