De l'âge de 9 à 15 ans, l'héroïne de Hôtel Z attend. Des nouvelles de son père "disparu" à Vukovar depuis la prise de la ville par les serbes. Et un logement décent pour ne plus être considérée avec mépris par les zagrébois comme une "personne déplacée", une réfugiée avec sa mère, dépressive, et son grand frère, révolté. Dans son premier roman, fortement autobiographique, Ivana Bodrozic décrit dans une langue simple l'existence presque normale d'une adolescente qui vit au quotidien petites humiliations et joies éphémères. Avec le mal de père, toujours présent, et l'obligation de survivre sans montrer ses failles. Le livre séduit plus particulièrement par sa pudeur, sa lucidité et ses petites touches d'humour. Plutôt que d'insister sur la grisaille d'une vie marquée par le manque et le déracinement, l'auteure slalome avec adresse entre insouciance et gravité dans le portrait d'une jeune fille que l'époque fait grandir plus vite qu'il ne conviendrait. Aujourd'hui, elle a 30 ans, qu'est-elle devenue ? Ses blessures sont devenues des cicatrices. Et elle n'a rien oublié. Ivana Bodrozic n'a rien oublié et elle se souvient. Sans larmes, avec une émotion feutrée.

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le 9 févr. 2017

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