Mais quel BONHEUR!


A l'instar du Mamie Luger de Benoît Philippon, voici un roman comme on aimerait en lire plus souvent.


Imaginez-vous un croisement entre Hercule Poirot et la capitaine Marleau (certains diront une pointe de Berurier): voici le très encombrant (dans tous les sens du terme) inspecteur Vertigo Kulbertus!


A 15 petits jours d'une retraite peu méritée selon lui, notre brave inspecteur Vertigo Kulbertus se retrouve à enquêter sur un meurtre et une disparition, dans le village de Reugny, à la frontière franco-belge.


Ce village a connu son heure de gloire lorsqu'on y a retrouvé, dans les années 60, une célèbre actrice morte dans sa baignoire, sur laquelle enquête par ailleurs un jeune journaliste envoyé directement de Paris.


Kulbertus, entre deux pintes, sans mousse la pinte, va mener la vie rude aux habitants du village afin d'éclaircir la situation, parce que le temps presse, dans 15 jours c'est la quille!


Oscillant en permanence entre humours noir et absurde, Hôtel du grand cerf est un polar absolument hilarant à l'écriture particulièrement jubilatoire:


" - Vous faites pas souvent le ménage Meyer...
- Vous savez ce que c'est, un homme seul...
- Je ne vous disais pas ça comme un reproche. Je constate seulement que c'est le bordel chez vous. J'ai jamais vu ça. Et ça c'est quoi?
(...)
- C'est une serpillière, dit le bûcheron. Ça me sert de nappe. C'est solide et ça absorbe bien. Et ça coûte rien à l'achat.
- Je retiens l'idée Meyer."


Ou encore:


""- Vous ne l'aimiez vraiment pas.
- C'est-à-dire que... on vous l'a peut-être dit au village...
- On dit bien des choses au village.
- Il a tiré mon père comme un lapin. C'est de la vieille histoire, mais on n'oublie pas. Question de respect pour les morts.
- Comme un lapin vous dites Meyer?
- Oui. Comme un lapin.
- J'aime bien le lapin."
L'inspecteur défroissa une feuille de papier, l'étala devant lui et écrivit, en grosses capitales: LAPIN.
"- Accident ou crime ? demanda-t-il.
- Accident pour la Justice, crime pour moi, répondit Meyer.
- Racontez-moi Meyer. Parlez-moi du lapin."
"


Derrière la farce, Bartelt cogne fort sur les mesquineries, les lâchetés, les bassesses des hommes, mais ne perd jamais de vue l'humanité de chacun de ses personnages.


"Il aimait encore assez bien boire, de temps en temps. Même trop, s’il le fallait. Il y a des moments où l’excès met un peu de grandeur dans les petitesses de l’existence "


Personnages hauts en couleurs, intrigue alambiquée juste ce qu'il faut et pointe d'Histoire, aphorismes redoutables, Hôtel du grand cerf est un pur délice!


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Chatlala
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le 12 févr. 2019

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