Argentine, Djibouti, Antarctique, Zimbabwe, Pakistan, Allemagne, Israël, États-Unis : les intérêts chinois forment une toile à laquelle aucune région du monde n’échappe. Les journalistes Éric Chol et Gilles Fontaine narrent la suprématie de l’Empire du Milieu partout où elle tend à s’exprimer.


Il y a les affaires qui ont fait couler l’encre : l’arrestation au Canada de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou ; la montée en puissance de la Chine en Afrique et dans les institutions internationales ; les Nouvelles Routes de la soie et leurs investissements colossaux ; les batailles territoriales en mer de Chine méridionale… Éric Chol et Gilles Fontaine développent tous ces points et y ajoutent des récits moins retentissants, attestant de l’influence croissante de la Chine sur le monde.


On retrouve les Chinois en Antarctique, sous couvert de missions scientifiques. D’aucuns les suspectent d’y mener des opérations militaires clandestines, mais surtout d’avancer discrètement leurs pions sur un continent riche en ressources naturelles. On trouve la trace de leurs investissements au Kazakhstan, auprès duquel ils se fournissent en gaz, mais aussi à Duisburg, où les convois ferroviaires chinois vont et viennent sans discontinuer. On devine leur volonté de mainmise sur les terres rares en découvrant leurs activités au Groenland. Et le soft power n’est pas en reste, puisque les firmes de l’Empire du Milieu font des acquisitions à Hollywood et prennent part à des dizaines de productions en quelques années. À Lyon et à Bordeaux, c’est dans le football et la viticulture que les Chinois font valoir leurs intérêts.


Naturellement, la méfiance se fait jour. Les Instituts Confucius en savent quelque chose : il n’est pas rare qu’on les perçoive comme des agents d’influence et de récolte de renseignements au service de Pékin. En Argentine, la présence chinoise dans la steppe patagonienne suscite toutes sortes de fantasmes, les Américains craignant notamment une surveillance de leurs satellites. Vis-à-vis de Huawei, les Européens avancent en ordre dispersé, mais la prudence reste néanmoins de mise. A contrario, à Caracas, ce sont les Chinois qui ont des sueurs froides : l’instabilité politique ne va-t-elle pas sonner le glas du remboursement de la dette immense que le Vénézuela a contractée envers Pékin ?


Il est midi à Pékin constitue un précieux témoignage : en baladant le lecteur d’un fuseau horaire à l’autre, Éric Chol et Gilles Fontaine démontrent la manière dont la Chine étend son influence sur tous les continents. Ce que l’on aperçoit à travers les chapitres, c’est une superpuissance économique qui se mue lentement en superpuissance géopolitique…


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Cultural_Mind
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le 18 mars 2020

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