Ce qui me fascine dans le meurtre de JFK est, surtout, cette idée que nous ne saurons jamais la vérité, qu'il existe autant de versions et de possibilités qu'il n'y a de personnes se penchant sur l'affaire. Castro, la mafia, Lyndon Johnson, la CIA, l'extrême-droite, autant de théories plus ou moins valables.


William Reymond part sur la piste qui me semble, à titre purement personnel, la plus plausible : l'implication de Johnson, à un quelconque niveau, dans l'assassinat. L'intelligence de Reymond est de situé son enquête bien en amont, en recontextualisant le Texas des années 50, où prospère Billie Sol Estes, milliardaire véreux lié à Johnson plus ou moins directement.


C'est bien là le problème : les « plus ou moins » sont nombreux dans l'ouvrage, et au fil de la lecture on en finit par se demander comment Estes aurait pu apprendre la vérité sur l'un des crimes les plus secrets de l'Histoire ? Par quel heureux hasard Johnson a-t-il enregistré toutes ses conversations à une époque, incluant l'aveu du bras droit de Johnson sur le meurtre de JFK ? Les allures de roman policier confère évidemment au bouquin un intérêt narratif croissant (de Reymond se sentant épié aux inquiétudes d'Estes pour sa vie à l'époque). Mais dans un cas de cette envergure, un témoin gênant comme Estes n'aurait-il pas tout simplement disparu ? Pourquoi se limiter à abattre un président et laisser vivre quelqu'un capable de vous envoyer en prison pour le reste de vos jours est une question finalement sans réponse dans l'ouvrage de Reymond. Surtout, Reymond assène comme vérité son propos. Pas de demi-mesure : Lee Harvey Oswald et Wallace (un tueur à gages) ont tué JFK le 22 novembre 1963 à Dallas, sur ordre de Johnson qui en avait assez des investigations des frères Kennedy sur ses affaires.


L'erreur de Reymond est, peut-être, de ne pas se poser les bonnes questions à la base. Partant de l'empreinte de Wallace sur les lieux du crime, Reymond remonte une piste certes valable mais forcément limitée. La vraie question n'est pas tant « qui a tué Kennedy » mais bien le « pourquoi ». Et c'est d'ailleurs là que le problème se pose : tant de réponses sont possibles qu'elles ne pourront jamais amener à une seule vérité. La vie très trouble de Johnson, le Vietnam, la Guerre Froide, Cuba, les liens entre la famille Kennedy et la mafia, les aspects sombres de JFK lui-même, tous ses éléments sont autant de raisons valables à l'assassinat de JFK.


Du coup, en se limitant à un seul aspect de l'enquête, en privilégiant les propos de Estes au reste (les témoignages concordants existent mais semblent moins forts), Reymond frappe aussi fort qu'il interroge sur la véracité de son enquête. Ou plutôt non : il en souligne les limites. Dommage, mais le livre reste agréable à lire hormis quelques longueurs inutiles.

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le 27 sept. 2015

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