Je hais les acteurs par Cinemaniaque
Quiconque s'intéresse à l'histoire du cinéma connaît le nom de Ben Hecht, cet ancien journaliste qui a scénarisé la bagatelle de 80 films pour Hitchcock, Hawks, Preminger, et tout le gratin de l'âge d'or d'Hollywood. Une carrière exceptionnelle et un style d'écriture au scalpel qui laissait présager une attaque dans les règles (et sanglante) d'Hollywood. Ben non.
Fondamentalement, Ben Hecht reste gentil : oui, les producteurs pensent au fric avant tout, oui les acteurs ont l'ego surdimensionné, oui les mariages se font davantage par marketing que par passion et oui, les réalisateurs sont des mecs qui en bavent quand ils tombent sur des stars capricieuses. Mais qu'apprend-on de plus que ce que les médias racontent depuis les années 20 ?
Vient alors l'histoire policière, que Hecht maîtrise assez bien : meurtres à gogo, rebondissements, cynisme permanent et ambiance roman noir pas déplaisante. Le hic, c'est qu'on devine assez vite qui est à l'origine des crimes quand on a un peu l'habitude de la littérature de ce genre, et les motivations restent un peu ternes par rapport aux mobiles éventuels des assassins présumés tout au long de l'oeuvre. Cela dit, le tout reste agréable à lire et une légère tension permanente mais pas étouffante contribue à la lecture soutenue de l'ouvrage, même si j'avoue avoir parfois décrocher suite à un style un peu pénible.
Mais à qui la faute ? Ben Hecht a su démontrer dans ses scénarios un sens du dialogue et un art de la mise en place si bons que je peine à croire que la traduction ne plombe pas un peu le bouquin. Peut-être donnerais-je un jour une chance à la version originale du livre, mais en dépit je resterai sur cette première impression : un beau moment policier mais qui ne mérite peut-être pas sa réputation, et qui s'avère relativement décevant quant à son potentiel langue-de-pute initial.