Voici donc le livre à l'origine du film avec Will Smith, que je n'ai pas vu et qui restera surtout pour ses beaux plans de New York désert. ça n'avait pas l'air bien original, dans le genre apocalyptique.


Le roman d'origine date de 1954. Richard Matheson est connu notamment pour avoir écrit un certain nombre d'épisodes de La quatrième dimension. Il se découpe en quatre parties.


Janvier 1976. Compton, 1976. Robert Neville vit seul dans une maison qu'il barricade la nuit, pour se protéger de vampires qui recherchent son sang. Il vit mal d'être peut-être le dernier humain, picole pour pallier l'absence de femmes, essaie de se raccrocher à la routine (alimenter le groupe électrogène du garage, etc...). Il avait une femme, Virginia, et une fille, Kathy, qu'il a dû brûler pour éviter qu'elle devienne un vampire. Le jour, il pille les magasins, prépare des pieux. Il découvre que les vampires sont sensibles à la lumière du jour. Il échappe à la mort après que sa montre se soit arrêtée.


Mars 1976. Neville s'est repris en main. Il a remis la maison en état, allant jusqu'à l'insonoriser. Flashback sur l'arrivée de l'épidémie, les tempêtes de sable, les gens devenant progressivement vampire, y compris sa femme, bien que Neville ait été dans le déni. Dans le présent, il étudie des ouvrages de bactériologie en espérant qu'un vaccin soit possible, se procure un microscope, comprend qu'à l'origine se trouve une bactérie parasite, inactive au soleil. Un événement rompt son isolement : un chien non-vampire, bien amoché, tourne autour de la maison. Neville le nourrit, sans réussir à l'approcher, mais l'animal finit par disparaître.
Juin 1978. Lors d'une sortie de jour, Neville tombe sur une femme, Ruth. Il la ramène de force chez lui. Tous deux sont sur la défensive. Neville lui raconte sa vie, ils discutent de l'épidémie. Il veut cependant lui faire passer un test sanguin, car elle ne supporte pas l'ail, comme les vampires. Elle accepte, mais l'assomme (mal) tandis qu'il regarde le résultat. Avant de sombrer, il voit que le bronzage de la jeune femme est un maquillage. A son réveil, elle a disparu et laissé une lettre : elle est une espionne des vampires, qui forment une société organisée et commencent à supporter de brèves expositions au soleil. Elle devait l'espionner.
Janvier 1979. Les vampires viennent le chercher. Neville en tue deux, mais est fait prisonnier. Il se réveille en prison, veillé par Ruth. A cause de son geste, il va être exécuté en tant que dernier représentant de sa race. En marche vers l'échafaud, il éclate de rire à la pensée qu'il est une légende.


C'est un roman court, prenant dès qu'il y a de l'action, avec de rares longueurs (les spéculations sur l'origine de l'épidémie). Il nous semblera sans doute bizarre de voir une apocalypse vampire, à nous qui, médiatiquement parlant, vieillissons depuis déjà quelques années au coeur de la vague de l'apocalypse zombie. Il y a donc ici quelque chose de précurseur et de primitif qu'il faudra pardonner en gardant à l'esprit la date de rédaction. On trouve d'ailleurs, dans le dénouement final, une forme de paranoïa typique des scénarios de la guerre froide.
Le roman fonctionne surtout grâce à son retournement final. On découvre que ce qui était surtout un thriller s'ouvre, in extremis, à une réflexion sur la fragilité de la civilisation humaine, et la possibilité qu'elle soit remplacée par une autre. Avec un ton qui préfigure un peu l'humour noir à la Métal Hurlant.
L'action est prenante, mais la narration n'est pas exempte de reproches. Par exemple, on ne comprend pas comment Neville a pu mettre aussi longtemps à réaliser que les vampires craignaient la lumière, et toutes les implications de sa situation d'homme isolé en milieu hostile, de questions qu'il est amené à se poser ne sont pas pleinement exploitées.


Je suis une légende est un honnête roman paranoïaque de science-fiction, dont il faut se rappeler, pour l'apprécier, qu'il date des années 1950. Il me rappelle un peu Marionnettes humaines, même si la conclusion diffère.

zardoz6704
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le 22 août 2017

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