De minuscules vérités sous de vastes conneries prétentieuses
Un titre incroyablement bien choisi, on ne dira pas le contraire. Dès la première, Delerm se déclare en lettres capitales, et souligne ensuite en plus petit qu'il va encore parler un peu trop.
Monsieur a voulu faire un recueil sur la mauvaise foi. Ç'aurait pu être une des réussites françaises de l'année, le postulat n'est pas si dégueulasse, la preuve, en le voyant présenté dans ma BU j'ai trouvé ça assez intrigant et me suis dit que ça me distraierait un peu de Céline. Mais c'est un travail qui manque de structure. Soit on reste trop en surface, soit on plonge dans des obscurités trop personnelles et franchement emmerdantes. Sociologie de comptoir, philosophie de brocanteur qui nous sert des observations finement traquées mais troquées en vrac, Philippe fait plutôt de la littérature que de la révélation précautionneuse, avec des digressions qui s'incrustent toujours dans le cadre des exemples et en encombrent les pages à moitié remplies, à mon avis par nombrilisme de l'auteur.
Delerm veut en donner à tout le monde en zappant du foot aux chaines des plus cultivés... Non je déconne, il veut faire son intellectuel lettré en assaisonnant chacun de ses amuse-gueules de vocabulaire raffiné et inattendu, qui gonfle vite, comme un robot multi-tâches trop bruyant. Et comme le robot, il se répète, et on verra bien souvent les mêmes adjectifs (ouh il aime ça les adjectifs, mmh dictionnaire des synonymes...) sautiller de pages en pages.
J'ai quand même beaucoup apprécié Quand on est dedans, elle est bonne, C'est très bien fait ou encore Il n'y a que moi qui passe chez moi!