Par son autobiographie (écrite sans "nègre", Cash sait écrire seul ça n'est pas une nouvelle), Johnny Cash veut nous faire entrevoir l'homme derrière l'immense artiste qu'il était. Pour ceux qui ont pu voir le film Walk The Line, ils comprendront que cette autobiographie a certainement servi de référence, puisqu'on y retrouve les événements qui semblent avoir été les plus marquants pour l'homme en noir. Cash couvre quasiment sa vie toute entière et débute presque avec la mort accidentelle de son frère, premier drame personnel et première pierre à l'édification d'un sens artistique venu directement des tripes. L'importance de sa relation difficile avec son père, faite de rapports de force perpétuels, de jugements de valeur, de dénigrements, sur le sujet Cash fait preuve d'honnêteté et de franchise pour finalement faire apparaître son père sous un jour plutôt plus favorable que dans le film.

Au fil des pages, on ne peut s'empêcher de se dire que décidément, il n'y a que les destins hors du commun qui donnent des artistes hors du commun. Ses plaies sont nombreuses, il y a sa longue dépendance à la morphine, le braquage dont il a été victime chez lui pendant un dîner entre amis, qui laissa un vrai traumatisme et le poussa à barder sa maison de dispositifs de sécurité. Il y a cette maison justement, qu'il personnifie presque, dont il parle avec tant d'amour, parce-qu'elle était telle qu'il l'avait voulue et parce-qu'elle représentait ce refuge dont il avait éperdument besoin, parce-qu'elle représentait le foyer et son meilleur endroit pour écrire. Il y a cette douleur morale qui semble le torturer continuellement, ces concerts loupés, ces traversées du désert qui lui ont fait mettre un genou à terre, mais jamais les deux.

Enfin il y a June, qui aura été aimée comme jamais aucun d'entre nous, messieurs, n'arrivera jamais à aimer sa femme, aussi fort qu'il essaie. Jamais un homme à l'apparence si forte n'aura paru si frêle face à l'amour qu'il porte à June. Elle était sa femme, son amante, la mère de ses enfants et surtout elle aura été sa sauveuse.

Par ce livre, Johnny Cash se grandit en parlant de ses faiblesses, de ses fêlures et de ses plaies restées ouvertes jusqu'au dernier souffle. Ce livre est la meilleure explication qu'il pouvait nous apporter sur son oeuvre, sa richesse et souvent sa noirceur. Rarement l'artiste et l'homme n'auront eu des personnalités si semblables, quand on vénère l'artiste on ne peut qu'aimer l'homme qui se cache derrière. La lecture de cette autobiographie est une nécessité pour tout fan de Johnny Cash.
Jambalaya
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le 16 mars 2013

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Jambalaya

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