Juste avant... c'est juste avant de mourir. Mais il ne s'agit pas de regrets, pas de "juste avant qu'il ne soit trop tard".
Pas de livre testament.
Pas de lettre post mortem.
Pas de nostalgie ou de larmes.
Pas d'adieu.
Juste un instant.
Juste avant... de mourir. Un instant calme, sans prétention tragique ou enjeux dramatiques. Juste ..."avant".
Juliette a bientôt cent ans, sur son lit d'hôpital, son arrière petite fille la veille. Fanny a eu elle-même une fille, cinq générations se sont donc croisées dans le même siècle, plus qu'il n'était imaginable pour une femme qui a connu la guerre, qui a perdu un mari dans les camps allemands, enterré sa fille et connu la précarité.
Juste avant de mourir, ce n'est pas si effrayant, quand on a aimé la vie.
C'est un texte apaisant. Même si la peur fait toujours partie de l'inconnu, elle est toujours le signe paradoxal que l'on est bien vivant au moment d'affronter la mort.
Fanny Saintenoy construit son récit à deux voix, celui de l'arrière grand-mère et celui de l'arrière petite fille. Deux époques, deux éducations, deux générations échangent intuitivement, tel est le pari de ce dialogue muet, le pari qu'au delà du silence et de la déchéance du corps demeure une communication, une compréhension, une lien que rien ne peut décomposer.
C'est un texte certes optimiste et en paix avec lui-même. Il n'est pas question, ne nous y méprenons pas, d'une réflexion sur la mort. C'est une divagation poétique sur la vie, le temps qui passe et les épreuves de hier, qui nous semblaient si difficiles, et qui ne sont plus que des épisodes lointain. Oui, avec le temps, tout passe.
"Juste avant", c'est le rêve d'un adieu serein, et conscient de soi.
Le rappel aussi que jusqu'à la toute fin, il existe encore un "avant", et qu'il n'est jamais trop tard pour être en paix avec soi-même. La "justesse" du titre est donc pertinente à double titre, il est toujours tout juste l'heure pour se remémorer sereinement son existence, et on est toujours, jusqu'à sa dernière respiration, "avant" la fin et avant un après inconnu et effrayant.
Poésie de l'instant, le texte de Fanny Saintenoy nous séduira par son émotion et sa douceur.
Il décevra les lecteurs en recherche d'introspection et de réflexion sur la difficulté de l'être. C'est la fin d'une vie longue et remplie. Une fin sans regrets ni non-dits. Une fin juste et avant que la mort ne vienne.



Emma Breton

madamedub
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le 21 sept. 2011

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