L'Amant éternel - La Confrérie de la dague noire, tome 2 par JeanneLaska

Lover Eternal est le deuxième tome de la série BDB de J. R. Ward. Puis-je à ce propos exprimer mon avis sur l’ineptie des titres français, qui traduisent tous les “lover” par “l’amant” ? Il suffit de lire les livres pour s’apercevoir que ce terme fait parfois référence aux héroïnes, et non aux héros. C’est pour moi clairement le cas du tome 6, où ce n’est pas Phury qui est “enshrined” mais bien Cormia, et c’est encore le cas ici… mais je ne vous en dis pas plus.

Rhage, surnom Hollywood, c’est le beau blond baraqué aux yeux bleus qui se tape plein de filles, en somme qui a l’air aussi parfait que bienheureux. Sauf que. Dès qu’il ressent des émotions trop intenses, il se métamorphose en “bête”, en monstre immense et destructeur qui ne connaît plus ni ami ni ennemi, ni bien ni mal, que l’appétit de tuer. Comme dans La Belle et la Bête, il s’agit d’une malédiction jetée par la Vierge Scribe pour le punir d’avoir jadis été jeune et insouciant, vaniteux et égoïste.

Il rencontre l’héroïne par hasard ; si les circonstances sont moins spectaculaires que dans la plupart des romances, elles en manquent du coup un peu d’étincelles. Je vous explique : Mary Luce fait du bénévolat dans un centre de prévention du suicide. Elle a une voix très apaisante, ce qui lui vaut l’affection à distance d’un jeune homme muet, John Matthew (le John Matthew ! avant sa transition). Un soir, il vient carrément la trouver devant chez elle, et c’est alors que débarque la voisine, Bella (la Bella ! avant qu’elle ne fricote avec les frères…). Or Bella est une vampire et reconnaît immédiatement le garçon pour l’un des leurs ; elle contacte la Confrérie, et Mary Luce les y accompagne car elle est la seule à connaître le langage des signes. Tandis que Bella surprend Zsadist au gym, Mary Luce se fait peloter par un Rhage à demi-conscient, lui aussi tombé sous le charme de sa voix. Vous avez suivi ? Par la suite, il veut la revoir et demande à Bella d’organiser un date entre eux.

Par ailleurs, Mary Luce a survécu à une leucémie et semble faire une rechute. J’ai attendu tout le livre pour que Rhage la sauve en la transformant en vampire, or les vampires de Ward n’ont apparemment pas ce genre de pouvoir… Même s’ils mangent comme nous, l’auteure insiste sur le fait qu’ils sont une espèce à part, pas des humains. Idéalement, ils ne se nourrissent pas de sang humain, mais entre eux (c’est donc loin d’être un acte barbare ou mortel), et les hybrides sont très rares.

Pour revenir au livre, je l’ai beaucoup aimé. J’ai eu le sentiment de comprendre enfin le statut culte qui est fait à cette série, de retrouver le type d’engouement que j’avais aux débuts de la série Harry Potter (ensuite je suis devenue adulte, LOL). Comme pour cette dernière, je reconnais volontiers que les livres sont truffés de détails qui me font soupirer et penser « peut mieux faire ». Et malgré tout, impossible de nier l’enthousiasme que cette série provoque, l’envie de lire la suite, l’impression d’avoir, pendant quelques heures, complètement plongé dans un autre univers.

Comme dans Harry Potter, les ficelles sont grossières, mais qu’est-ce qu’elles fonctionnent ! Argh. Ward aime les chapitres courts, et au sein de ces chapitres, les changements de points de vue fréquents. J’admets que ce n’est pas un problème en soi, mais si vous essayez de suivre une intrigue en particulier, je vous jure que vous aller devoir tourner des pages et des pages avant de la voir vraiment avancer… Ce n’est pas une technique malhonnête, surtout dans un monde fantasy où les personnages sont nombreux et l’intrigue complexe. Seulement, c’est une technique qui vous pousse à lire même si 100 % du contenu ne vous passionne pas, par exemple : le point de vue des lessers… C’est aussi une technique qui vous pousse à lire les tomes suivants juste pour avoir la suite (réminiscence des mauvais tomes des Desperate Duchesses que je me suis tapée juste pour le trio Jemma-Beaumont-Villiers…).

Ainsi, dans le dernier tiers ou quart du livre, au milieu de l’histoire de Rhage et de Mary Luce, Bella se jette sur Zsadist. Ce qui n’est pas de refus, au contraire, mais ça a un côté “pas développé, vite balancé, juste pour vous allécher et vous faire mourir de frustration si vous ne lisez pas immédiatement le tome suivant” (ah… oui, je suis allée à la librairie le lendemain pour acheter les tomes 3 et 5… on verra pour le 4). C’est comme de la bouffe de fast food : pas très nourrissant, peu travaillé, mais on en redemande.

Les auteures de romance adorent les contrastes : le héros le plus beau ira avec une fille quelconque (Rhage/Mary Luce), tandis qu’un héros magané se retrouvera avec la plus belle fille (Zsadist/Bella). Il faut que les personnages se demandent pourquoi, et que l’expérience soit différente de tout ce qu’ils ont connu avant, ou de tout ce à quoi ils s’attendaient. Le problème, c’est qu’en faisant cela, l’auteure flirte avec la crédibilité : oui, je me suis parfois demandée avec Mary Luce ce que Rhage lui trouvait. Sa voix ? C’est joli et original comme concept, mais un peu faible, non ?

Il y a certes toujours l’élément paranormal qui vient à la rescousse dans les histoires vampiriques, ici le fait que les vampires trouvent leur “mate” par la nécessité quasi-physique, en fait mystique, d’être en couple avec lui/elle. Or cet aspect-là n’est pas explicitement exploité dans Lover Eternal. Et attention, je ne dis pas que je n’aime pas le personnage de Mary Luce, ou que je trouve qu’elle ne mérite pas Rhage : je dis juste que cela devrait prendre plus de temps pour que ce dernier se rende compte de sa valeur, et pas quelques minutes de pelotage demi-conscient pour devenir à ce point amouraché/protecteur/possessif. Mais je crois que c’est le trip de Ward, les vrais héros Whippet. Moi, j’aime encore plus les héros un peu méchants ou sceptiques au début, et qui finissent par s’en mordre les doigts…
JeanneLaska
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le 10 mars 2013

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