Un écrivain a tous les droits vis-à-vis de ses lecteurs et en particulier celui de tendre des pièges et de lui faire prendre des vessies pour des lanternes (ou l'inverse). C'est ce que ce petit malin de Benjamin Wood s'ingénie à faire dans son deuxième roman, L'écliptique, qui comme son précédent montre un certain savoir faire mais aussi une propension à utiliser des "trucs" narratifs certes de bonne guerre mais un peu tordus quand même. La première partie, au sein d'une communauté d'artistes en panne d'inspiration reléguée sur une petite île turque est on ne peut plus classique et tend à rappeler les univers d'autres écrivains (Thomas Mann). Sans transition, la deuxième partie du livre nous raconte l'itinéraire d'une jeune apprentie peintre dans l'Angleterre des années 60. Là, Benjamin Wood montre un talent honnête même si le thème n'est pas spécialement nouveau. Et puis arrive le troisième pan du livre et c'est le drame. Comme si c'était absolument nécessaire, un twist vient remettre en question (et même davantage mais inutile d'en dire plus) tout ce que le lecteur a appris auparavant. Pour certains, cela a peut-être le mérite de relancer l'intérêt mais l'effet contraire est également admissible (c'est mon cas) dans le sens où il y a la détestable impression de s'être fait abuser dans les grandes largeurs, sentiment qui peut parfois être délicieux ou vertigineux mais pas quand on n'est déjà pas totalement en admiration devant le style et le tempo narratif de l'auteur. D'une certaine façon, L'écliptique, à l'instar de certains films récents, pourrait sembler avoir été écrit uniquement pour ce gimmick un brin sournois. Ce serait balayer un peu trop facilement les bons passages du livre mais, après tout, c'est le procédé utilisé par Wood qui nous incite à le faire.

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le 25 nov. 2017

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