Je vois au vu des notes et de la plupart des critiques des utilisateurs que je fais presque office de paria dans l’appréciation de ce monument de la littérature du Moyen-Âge. Ce qui semble tout à fait légitime tant le récit de L’Enfer foisonne à tous les étages (ou bolges, en l’occurrence, c’est selon) de merveilles poétiques et historiques. A ce titre, ce premier volume de la Divine Comédie (les autres aussi sans doute, mais je ne les ai pas encore lus) n’est pas qu’un long poème ; il fait aussi figure de livre historique de par toutes les références aux figures marquantes de l’Histoire qu’il ne manque pas de citer tout au long de la lecture (merci aux notes explicatives, sans lesquelles le non-spécialiste de l’Italie pré-14ème siècle serait déboussolé dès les cinq premiers chants), mais aussi de pamphlet, de par les valeurs morales qu’il prône par la bouche du finement choisi Virgile, poète romain.


Cependant.


C’est là quelque chose que je n’aime pas, personnellement, à la lecture d’un livre. Que l’on me prêche (presque martèle, en la présente) une morale et que l’on veuille me dicter ma conduite. Or Dante n’y échappe pas ; au travers d’un périple par les recoins les plus sombres et reculés de l’Enfer, des nombreuses discrétions entretenues avec Ulysse, le centaure Cacus, Brunetto Latini et autres figures mythologico-historiques, c’est toute une foule de reproches aux comportements non-conformes à la bienséance religieuse que dresse l’auteur. Je mettrais ma main à couper que plus tard, dans Le Paradis, c’est un panégyrique en l’honneur des bon chrétiens et des présumés vertueux par l’Histoire qu’il dressera.


Gardons à l’esprit que la présence de nombreux guelfes noirs dans cet Enfer (rappelez-vous : Dante était blanc) ne lui garantit pas une parfaite impartialité dans son rôle de juge, pour placer tel ou tel quidam en Enfer, même si leur mauvais comportement peut parfois lui donner raison (jetez-moi la première pierre si certains guelfes noirs figurent dans le Paradis.)


Bref, une lecture déplaisante, d’autant que l’auteur semble marteler ses préceptes religieux, malgré son simple statut de visiteur dans le Livre. Mais si vous savez passer outre cette leçon de vie chrétienne, la lecture, poétique, emphatique et au style remarquable, en vaut clairement la chandelle.

Aldorus
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le 28 juil. 2016

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