Saisir l’absurde : toute une philosophie

Roman ou essai philosophique, l’étranger d’Albert Camus pose en tout cas les fondements de ce qu’on a appelé la philosophie camusienne : l’absurde qui naît de la confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. Meursault, le personnage principal est un être mystérieux, en marge, étranger à lui-même et au monde qu’il l’entoure. Albert Camus nous transpose à travers son personnage dans un monde dépourvu de sens où les événements s’enchaînent presque mécaniquement avec froideur. C’est cette distance dans le récit qui est déstabilisante. Meursault est un personnage que l’on dirait presque primitif, prisonnier de ses sens, absent de lui-même et des autres, ce qui le rend extrêmement fragile et le poussera à effectuer l’irréparable. Camus aborde dans ce roman des thèmes forts tels que le goût de la vie, le rapport à la mère et à la mort. Des thèmes qui font écho à son vécu. Tout dans cet ouvrage est une source de malaise, le style, la temporalité, les descriptions qui n’en sont d’ailleurs pas. Une lecture éprouvante, dont j’ai du mal à parler. Je l’ai lu tardivement et je n’en suis pas sortie indemne. Un livre que je relirai encore, un peu plus tard dans ma vie, pour en saisir toute la force. « L'Étranger décrit la nudité de l'homme en face de l'absurde ».