La peine de mort, c'est hype.
Albert Camus a trouvé la formule parfaite pour satisfaire ses lecteurs, mais hélas cela ne suffit pas à réaliser une œuvre digne de ce nom.
Durant la moitié du livre nous suivons les pérégrinations d'un homme vivant en Algérie, disposant d'un quotidien on ne peut plus banal. La particularité de cet anti-héros est qu'il est très porté sur des détails superficiels et c'est là toute l'originalité du bouquin de Camus, un protagoniste presque absent de sa propre vie. Le succès de l’œuvre s'explique peut-être là après tout : le lecteur s'identifie à Meursault.
Hormis cette originalité la première partie est totalement vide : le scénario est d'un ennui rare (boulot, dodo, séduction) et le style d'écriture est digne d'un enfant. Malgré tout, ô miracle, l'ennui est peu perceptible, ce qui est normal au vu de l'épaisseur du bouquin.
Passons au reste du livre, empli de rebondissements. Le procès est le comble de l'ironie : la finalité est devinée dès les premières pages mais la scène n'a pas de fin, comme si Camus voulait montrer que toute cette histoire était articulée de telle sorte que Meursault soit accusé, comme si chaque particularité du scénario était calculée pour cet instant précis qui est malheureusement plus ennuyeux que jamais. On pourrait presque deviner la prochaine tirade du procureur, c'est dire.
Le roman se finit avec l'utilisation de l'attitude particulière de Meursault. On y découvre ses réflexions et son fatalisme avec étonnement : le livre commence à devenir intéressant au moment où il s'arrête, laissant un bon souvenir à ceux qui ne se souviennent pas du reste.
Pour les autres détails, se référer à la première partie. L’œuvre reste fidèle à elle-même.
Albert Camus maîtrise parfaitement la suffisance : il a dosé son livre pour éviter que le lecteur se rende compte du vide de cette œuvre. En effet, il est difficile de s'ennuyer quand un roman est lu en à peine deux heures.
S'il suffit d'utiliser l'absurde pour traverser les siècles, je vais penser à devenir écrivain. Je suis le premier à m'intéresser à la philosophie de Camus, mais lire un roman ennuyeux et vide pour une simple illustration de ses idées, on ne m'y reprendra pas.