"L'arbre à souhait" évoque "L'arbre-monde"de Richard Powers, le Lauréat Pullitzer de 2019, dans lequel on retrouve un monde du point de vue des arbres. Ce roman reprend le concept et nous livre une histoire touchante de tolérance, d'ouverture d'esprit, d'amitié et d'espoir.


Rouge porte le nom que se partagent tous les chênes rouges et du haut de ses deux siècles, est un éternel optimiste. Il est à lui seul un abris pour une communauté d'animaux, un gardien pour les souhaits qu'on lui confie et un ami pour la Corneille Bongo. C'est également l'arbre que se partagent deux maisons, l'une bleue, l'autre verte, qui ont elles-aussi abrités de multiples familles au cours des décennies. Toutefois, les deux familles actuelles ne sont pas en bons termes. Pire, la famille logeant la maison bleue est victime d'ostracisation, voir même de racisme. La petite fille de la maison, Samar, n'a pourtant qu'un souhait: se faire un ami. Rouge souhaite alors plus que tout réaliser le souhait de Samar, quitte à transgressé la règle absolue qui stipule qu'on ne parle jamais aux humains.


Ce roman est une pépite d'espoir pure. Je ne vois pas comment on peut sortir indemne d'une histoire pareille. D'ailleurs, la dédicace de l'autrice au début du roman nous indique assez clairement de quoi il retourne dans ce roman: " pour les nouveaux arrivants et ceux qui les accueillent chaleureusement". C'est donc le récit d'un arbre, qui fait face à la cruauté de certaines minorités contre une autre, qui épaulés de ses amis, va tenter de faire évoluer les choses d'une manière positive pour une petite fille, qui ne demande pas mieux que se s'intégrer. C'est un sujet très actuel qui est sensible, mais manœuvré avec beaucoup de douceur et d'une bonne dose de poésie.


Samar et sa famille ne constituent pas les seuls immigrants de l'histoire. On découvre que Rouge fait parti intégrante de l'histoire familiale du quartier, une histoire elle aussi teintée par la diversité ethnique. Les racines de Rouge ne sont donc pas les seules à être profondément ancrées dans le sol.


Au-delà de l'histoire qui se déroule, le simple fait de lire les pensées de Rouge, arbre d'expérience, est assez original. Il a une philosophie propre, son humour arbresque pas très comique et même des manies. C'est assurément un personnage assez intéressant et auquel on s'attache aisément. Pour une rare fois, les humains sont secondaires aux animaux. Ils participent à l'histoire, certes, mais la tribune est tenue par la communauté de ratons laveurs, d’opossums, de chouettes, de chiens et de Bongo la corneille.


Évidement, le roman remet en perceptive notre relation avec la nature, ne serait-ce que notre notion de partage. Ce que la nature partage volontiers, l'humain a tendance à se l'accaparer et même à s’approprier un pouvoir de vie et de mort sur le reste de la nature. Bref, un bon livre pour approfondir cette réflexion.


Donc, pour la leçon d'humanité qu'il nous procure, pour les valeurs qu'il défend, pour l'espoir qu'il entretient et la beauté qui le compose, ce roman rentre dans mes incontournables en département Jeunesse.


Son lectorat se situe autours du second cycle primaire, soit environ 9-10 ans.


Les images sont adorables, merci à l'illustrateur Charles Santoso.

Shaynning

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