"la tonsure comme une cicatrice"

Le début de cette critique serait un peu une réponse à l'autre qui a été publiée sur le site jusqu'alors : je renchéris sur le fait que peu de personnages sont sympathiques dans les Rougon Macquart, pour la simple raison que ce n'est sûrement pas pour l'attachement aux personnages, il me semble, que le lecteur s'enfonce dans cette lecture ! Et contrairement à Chaaw, j'ai trouvé celui-ci moins bien fignolé que d'autres. Il y a bien quelques tournures qui sont de petits bonheurs, comme l'a dit Flaubert dans une lettre à propos de La Conquête de Plassans, mais aucun passage ne m'a paru particulièrement poignant par la beauté du texte. J'ai eu l'impression de lire un brut de rédaction d'après le plan (mais heureusement très agréable parce que Zola écrit tout de même bien gracieusement)

Du reste, j'ai trouvé que La Conquête de Plassans se lisait comme un roman d'aventures. Bon, en vérité je n'ai pas lu énormément de ce genre là, mais il me semble que le plaisir que j'ai eu là était du même type. Il n'y a jamais de longueurs, il y a même bien peu de ces descriptions que ses détracteurs actuels reprochent toujours à Zola. Cette fois-ci, il m'a semblé que la psychologie singulière des personnages était assez finement travaillée, notamment chez Marthe que l'on voit superbement se métamorphoser tout au long du roman.

J'ai aussi une affection particulière pour ce livre qui jette une lourde et sèche pierre à la religion là où ça fait mal. Je sais que c'est bien facile de ma part, en tant qu'anticléricale féroce dans une époque où le culte n'a plus son importance d'autrefois ; mais je ne peux pas m'empêcher d'écarquiller les yeux avec émerveillement lorsque je lis que Mouret est un athée bien portant, et je ne peux pas m'empêcher de verser des larmes lorsque je lis que c'est la passion religieuse obsessionnelle de Mme Mouret qui cause les désastres les plus terribles de cette histoire.
Bref, j'ai kiffé du boule !