Lire La Désobéissance Civile donne un peu l'impression de voir un cri du coeur couché sur quelques pages. Écrit à la hâte, en un seul bloc d'idées paradoxalement destructurées, l'essai nous fait réfléchir sur notre accord tacite à être gouverné et à cautionner, par notre inaction, des décisions que nous n'approuvons pas.
La solution proposée par Thoreau pour résister à l'injustice d'un gouvernement exploitant la passivité des citoyens est la désobéissance civile. Elle est présentée de manière paradoxale : elle relève d'une pensée profondément libertarienne, axée sur le bonheur de l'individu seul, mais ne peut réussir que par un mouvement de masse. L'auteur ne parvient pas vraiment à convaincre sur ce paradoxe, expliquant qu'un homme seul, subissant l'injustice, peut faire changer les choses, mais que la désobéissance civile ne peut porter ses fruits qu'avec le mouvement de masse des citoyens pour limiter l'action du gouvernement.
Malgré tout, on revient à cet essai régulièrement, car il ouvre de nombreuses pistes de réflexion sur la place de chacun dans la société, en accord avec ses valeurs morales et sa capacité à assumer ou non ses idées.