Le chemin de la haine, aussi facile à emprunter que difficile d’en réchapper

La voie du mal fut empruntée, la règle des deux fut instaurée, est venue l’heure de la dynastie du mal. Dark Bane et Dark Zannah sont rattrapés petit à petit par les années s’écoulant. Le premier a peur que la seconde n’a pas l’étoffe pour lui succéder condamnant l’œuvre de sa vie, la seconde se met en marche pour y parvenir tant elle se sent seule légitime à ce titre. Qui sera le plus puissant et le plus maléfique pour faire perdurer la dynastie Sith qui mènera à leur revanche ? C’est cette question qui sera le fil rouge de ce troisième et dernier roman Dark Bane, toujours écrit par le talentueux Drew Karpyshin.


Pour traiter cette question centrale achevant l’intrigue autour de Dark Bane, il est intéressant de noter que la dynastie du mal évitera cette fois-ci toute ellipse temporelle pour raconter différentes intrigues liées entre elles en un temps assez réduit, ce qui donnera un rythme plus condensé que par le passé, ce qui sied très bien a priori à une conclusion là où les autres ouvrages pouvaient plus se permettre de prendre leur temps. C’est un choix assez pertinent à mon sens et par delà ce choix, c’est surtout celui du sujet principal retenu et autour duquel tout gravite qui m’intéresse et me convainc le plus.


C’est très exactement comme ça qu’il fallait faire naître le suspens puisque l’on sait très bien qu’elle est l’issue de l’application de règle des deux de génération en génération si l’on a vu les films et la victoire de Darth Sidious, au moins dans un premier temps. Par conséquent, tout repose sur qui parviendra à lancer cette dynastie suite au vieillissement inexorable de Dark Bane et ça a vraiment marché sur moi tant la question pouvait vraiment se poser à certains moments et jusqu’à la fin pour certains des personnages qui devaient être réussis pour que ça tienne la route, ce qui est le cas et de loin.


C’est ce que j’ai adoré dans ce tome précisément, c’est qu’il est le seul au sein de sa triptyque à vraiment faire de tous ses personnages principaux des êtres vils aux sombres desseins : un Jedi corrompu par l’arrogance et par la cupidité, une apprentie Sith désireuse d’être reconnue comme la plus puissante de tous, un seigneur Sith n’ayant que pour obsession d’assurer la suprématie du Côté Obscur sur la galaxie, une chasseuse de prime se nourrissant de la peur et de la souffrance de ses victimes, une guérisseuse au bon cœur ravagée par une soif de vengeance bien dangereuse… en fait le mal est présent partout et c’est assez plaisant qu’il se soit lâché sur la question.


On a vite tendance à résumer Star Wars à une lutte du bien contre le mal avec l’un et l’autre clairement identifiés, et les premiers tomes avaient déjà nuancé cela tout en adoptant le point de vue de ce que l’on peut considérer comme le Mal. Ici, l’auteur l’embrasse pleinement en orientant complètement le point de vue du lecteur sur celui de ces champions maléfiques et ça fait du bien de voir un parti pris aussi radical, surtout quand un peu de lumière peut jaillir d’eux à l’occasion pour plus d’impact bien évidemment, tant toutes les valeurs de bienveillance, d’honneur… sont renvoyées au statut de faiblesse et d’idiotie par les protagonistes.


On notera par ailleurs que sur cette galerie de personnages tous très réussis, bien implémentés dans l’intrigue et très différents les uns des autres, une grande partie sont des personnages féminins, ce qui n’arrive pas si souvent que ça dans Star Wars qui a souvent un ou deux personnages féminins importants pour beaucoup plus de personnages masculins. C’est toujours appréciable d’autant que c’est ici amenée tout naturellement alors que le personnage principal est masculin, donnant son nom tout de même à cette trilogie.


Ce qui est encore plus admirable c’est que** toutes les intrigues mettant en scène ces personnages arrivent dans le récit sans liens apparents, s’entrecroisent de façon surprenante et intelligente avant de converger vers un final dantesque** comprenant ses trahisons et duels au sommet des plus sensationnels il faut bien le dire. Et comme pour le deuxième tome, l’auteur trouve moyen de lier des événements secondaires d’apparence sans importance dans les précédents récits avec ces toutes nouvelles intrigues qu’il aurait été plus facile de reprendre de zéro, un très beau travail d’écriture encore une fois.


D’autant que la révélation sur le retour pertinent et inattendu de personnages secondaires ne peut venir que dans un second temps, comme pour féliciter le lecteur attentif et l’encourager à continuer à l’être. De la même manière, on peut se dire que ce n’est qu’une fausse piste pour être surpris d’une autre façon, dans un cas comme dans l’autre c’est une réussite de plus pour la narration. C’est aussi l’occasion de créer un peu de nostalgie pour les événements d’il y a plusieurs centaines de pages et de forcer à rappeler le chemin parcouru depuis pour les personnages, et notamment Dark Bane bien sûr.


Les combats n’ont pas la même superbe au sabre laser et je pense que c’est voulu pour ne pas trop répéter cet exercice martial auquel l’auteur a déjà bien recouru jusqu’ici. C’est plus avec l’usage de la Force, de ses capacités surnaturelles et aussi de gadgets et tactiques astucieuses que les combats prendront forme, ce qui est très bien aussi. Un personnage puissant avec la force est par exemple la cible de mercenaires expérimentés, bien équipés et coordonnées, et ça va plutôt être un affrontement très équilibré qui va basculer d’un rien, assez surprenant dans une trilogie littéraire si axée sur la Force mais pourquoi pas ?


De toute façon la Force sera très présente à d’autres moments, déjà lorsque l’enquête sur Dark Andeddu permettra d’entrevoir des aspects de la Force encore inexplorées et passionnantes, mais notamment lors de l’affrontement final :


Si le combat commence par un duel au sabre laser, c’est l’usage de la force qui en déterminera l’issue en 4 attaques et contre-attaques mentales successives, poussant chacun dans ses retranchements. C’est la force de la volonté qui aura primer et c’était très exactement ce qui faisait le plus sens de par l’évolution du récit. De plus, la solution retenue permet de faire gagner Zannah et Bane d’une certaine façon, la première devenant enfin la Dame Noire des Siths avec une apprentie prête à la suivre, le second marquant de son empreinte indicible la suite des événements, superbe !


Il fallait que cette dynastie du mal conclue très bien la trilogie de Dark Bane et c’est bien le cas, c’est même selon moi la meilleure partie de cette courte mais passionnante saga. Menée par un rythme effréné, soutenue par une galerie de personnages charismatiques, habitée par un parti pris radical plaisant, maîtrisée de par une cohérence exemplaire, conclue par une fin intelligente… la dynastie du mal est lancée avec brio et Star Wars tient là l’une de ses meilleures intrigues, aussi détachée a priori de sa saga que primordiale en réalité.

damon8671
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le 10 juin 2019

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