Les routes de la maitrise anonyme et de la servitude néo libérale

Le plus sûr allié de l’imposteur, serait son adhésion au conformisme social et aux normes de l’époque, sans esprit critique, ce que R. GORI définit au sens psycho pathologique, comme l’apathie, et son incarnation, en martyr du drame social.
Il n'y a pas d'imposteur sans public et liens sociaux.
L’auteur, psychanalyste et professeur émérite de psychopathologie, signataire de 'l'Appel des appels', fonde sa réflexion sur un corpus philosophique et socio historique documenté, pour éclairer la puissance du lien entre la science et sa validité épistémologique, et les rapports de force sociaux, dans des logiques de domination sociale.
Il démontre ainsi comment l’homme contemporain peine à se départir d’un hédonisme de masse, tracté par les exigences du technico numérique, de marchandisation et de consommation, dont les ressorts ne sont pas au service de lui-même, "instrument de l’instrument", mais au contraire, une source d’aliénation.
"Les tyranneaux d’hier, prêtre ou monarques", sont dans la logique bureaucratique, "les experts ou leurs commanditaires".
Monde du Taylorisme, et du Toyotisme, forme contemporaine d’asservissement (en langage d’entreprise, de management), règne un idéal de surpassement permanent de soi-même et des autres, au travail mais aussi de "façon réticulaire et capillaire", dans les loisirs.
Emerge dans ce monde néo libéral, l’homme neuro économique, n’ayant besoin que de stocker et de traiter des informations issues de la trame de sa vie ordinaire.
S’amplifient de nombreux cas de figure psycho pathologiques, l’hyperactivité, les troubles de l’attention, au fur et à mesure du tamisage des comportements dits anomaliques, de leur validation par les classifications américaines des maladies mentales (DSM), et de leurs opulentes versions, que la mise au point de molécules censées y répondre, conforte (Cf la Ritaline).
Dans le marigot du néolibéralisme, prolifèrent de multiples agences d’évaluation, comme autant de dispositifs de servitude volontaire à la compétition, donnant le cadre à une prolétarisation généralisée de l’existence au seul prisme de la densification normative.
Technicisation, quantification, fragmentation, rationnalisation, formalisation numérique participent de cette prolétarisation généralisée, des savoirs et métiers, assurant une hégémonie culturelle dont le pouvoir se nourrit, mais qui évacue l’éthique et toute créativité artisanale et artistique.
Citant Levy Strauss (cf *Tristes Tropiques), "si la civilisation continue à se développer d’une manière standardisée, l’humanité deviendra monotone, sclérosante et mortifère, et on la cultivera comme on cultive la betterave, massivement".

Goguengris
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le 8 mars 2020

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