La Main de l'Empereur est le premier tome du nouveau cycle d'héroïc fantasy de l'auteur français Olivier Gay.
En bref : quand un gladiateur célèbre rencontre une femme mariée et qu'ils cèdent à la passion, c'est déjà assez gênant. Quand neufs mois plus tard naît un enfant dont personne ne veut ça devient carrément problématique. Rekk est confié à la garde de prostituées près de l'arène où se bat son champion de père. Formé par le meilleur il deviendra vraiment bon par la suite, d'autant que les lourdes pertes de sa jeunesses forgerons son caractère à la dure. Il devient le candidat idéal pour la dernière idée de l'Empereur : l'envoyer sur le front contre les sauvages Koushites cannibales pour appuyer l'armée qui est au point mort depuis des années. Brillant combattant, poussé par sa volonté farouche, Rekk va devenir la main - et surtout l'arme - de l'empereur.
Un bon auteur français de fantasy ça mérite d'être signalé. Ne se laissant pas emporter par un excès de lyrisme au détriment de l'histoire comme le font trop souvent ses collègues, Olivier Gay rédige ici un livre de qualité. Prenant, avec une solide dose d'action et de violence, c'est malgré tout une œuvre plus subtile que ce que l'on pourrait croire au vu du synopsis.
On suit dans un premier temps les pas du père de Rekk, ce qui fait un solide socle pour la vie de ce dernier. On comprend facilement les nombreuses épreuves qu'il affronte en tant que bâtard, gladiateur puis soldat. Bon point : il n'y a pas de manichéisme évident ici. L'Empire, leurs ennemis les sauvages Koushites et même le héros de l'histoire, tous ont deux facettes. Celle présentée initialement, idéalisée (ou diabolisée selon le cas), et la vérité qui est souvent un mélange entre plusieurs couleurs. Le héros est initialement un bon gars, mais c'est aussi un boucher sanguinaire. L'Empereur est un tyran prêt à tout pour sa victoire, mais il a presque un côté paternaliste dans ses interactions avec Rekk. Dareen est une contrebandière aussi tenace qu'en surpoids mais c'est aussi la meilleure amie de Rekk. Une diversité donc qui rend l'histoire plus intéressante à suivre.
Le lecteur averti devinera dans les grandes lignes vers où se déroule le roman, cependant un certain nombre de surprises bien amenée relancent régulièrement l'intérêt pour cette épopée sanglante. Certains passages semblent s'inspirer fortement de la série Spartacus, dans l'intrigue ou le style.
D'ailleurs, concernant le style, ce dernier se veut efficace et cru : on ne masque pas les péripéties des personnages ici. Sans s'attarder sur l'aspect émotionnel à la façon d'une Robin Hobb, on s'abstient néanmoins de mettre de l'humour pour compenser quand les choses deviennent trop sérieuses. Et c'est tant mieux, à petite dose le procédé peut être sympathique, ajoutant un décalage avec l'action, mais au final c'est trop souvent l'emploi d'une punch-line humoristique qui va briser la situation dramatique qu'on a établie auparavant. Un processus répété jusqu'à l'écœurement dans les blockbuster de super-héros modernes.
Un méchant intéressant et plus subtil qu'on ne pouvait le penser, de l'action et des personnages plutôt bien développés donc. Ca reste un tome d'introduction à un nouveau cycle et on regrettera que chacun de ces points ne soient pas un peu plus poussés, malgré tout une bonne lecture qui se lit facilement et me fait attendre la suite.
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