Ivan Illitch mobilise autant des notions philosophiques que morales, en parcourant une souffrance ambiguë où le corps n'est que le succédané d'une torture psychologique consciencieusement infligée par le moribond.
Le cas de conscience universel, qui met en exergue sous les yeux du lecteur des sujets tabous, permet non pas d'abonder dans le sens du misérabilisme et du pessimisme patent, mais d'opérer un déclic salvateur, prise de conscience de l'existence intime du lecteur.
Si dire cela n'est pas rendre le plus bel hommage à cette nouvelle, alors je n'ai plus qu'à me réduire au silence, tant ses qualités intrinsèques résident en sa capacité non pas de poser un cadre arbitraire où s'incrustent des scènes connues de la vie courante, mais de transcender la mise en scène d'une relation à autrui par le point de vue foncièrement subjectif d'un patient à l'agonie.
C'est donc par le fin mot de la nouvelle que débute la véritable substance de l'histoire : notre intérêt pour ce récit croît au fil des lignes à l'aune de la désespérance et de la vertigineuse chute du regretté boursicoteur et ivre de vie Ivan Illitch.