Succès d'époque et succès européen (paru en 1936, la version française arrive dès 1937), La rue du chat-qui-pêche est le roman magistral, mais plutôt oublié, d'une autrice hongroise ayant vécu à Vienne, à Paris puis à Londres.
Ses thèmes centraux sont l'émigration et le déracinement, les spécificités qui en découlent ainsi que le prolétariat, mais ce texte d'environ trois cent pages expose d'autres sujets, toujours de façon équilibrée, parfois avec modernité : rapport à l'autre, rapport à l'étranger, rapports entre les sexes, passage du temps,... Pour résumer sommairement l'intrigue, nous suivons sur plus d'une dizaine d'années (années 1920) la vie parisienne et laborieuse d'une famille d'origine hongroise, la mère et le père Barabas et leurs trois enfants, Jani, Klari et Anna ; mais une autre famille se surajoute à celle-ci, celle des émigrés, russes, lithuaniens, espagnols, groupuscule des "sans-foyer" qui se forme et se déforme selon les circonstances de la vie. Tous ces personnages, masculins comme féminins, sont attachants et très différents les uns des autres. La complexité des relations humaines avec leurs nuances, leurs côtés déchirants, inexplicables ou émouvants est restituée dans un style sobre et simple, également sans tabous et sans crispations, en bref avec beaucoup de naturel et une légère touche d'ironie.