Cette longue nouvelle – plutôt que court roman – est probablement à lire comme une satire finalement guère acerbe d’une aristocratie russe désœuvrée, principalement occupée à suivre les modes. Quant à la maladie du titre, c’est la manie des promenades, au cours desquelles chacun trouve l’occasion de se livrer à sa marotte : « – Rester sans chapeau au soleil et pêcher à la ligne, – s’égosillait Alexis Petrovitch. / Fiokla : Manger du beurre, de la crème, cueillir des baies et des champignons. / Zinaïda : Admirer l’azur du ciel, humer les arômes des fleurs, se mirer dans le courant, errer parmi les graminées champêtres. / Vérénitsyne : Marcher la pipe au bec jusqu’à épuisement, regarder tout en méditant et jeter un coup d’œil dans le moindre ravin. / La grand’mère : Rester assise dans l’herbe et mâcher des raisins secs. / Le fils aîné, étudiant : Manger du pain noir, boire de l’eau et lire Virgile et Théocrite. / Volodia : Grimper aux arbres, dénicher les oiseaux et tailler des flûtes dans les roseaux. / Maria Alexandrovna : Bref, se délecter de la nature dans le sens plein du terme » (p. 47).
La Terrible Maladie produit au bout du compte une impression de légèreté, et le tout reste bien sage : sans doute une partie de la charge satirique s’est-elle dissipée avec le temps. (Dommage à ce propos que la traduction française publiée chez Circé, et dont le texte, par ailleurs, est quelquefois curieux, ne propose pas de mise en contexte.) Pour ce que je peux en dire, le récit de Gontcharov fait parfois penser à du Gogol – sans l’envergure.
J’imagine que les amateurs d’Oblomov et les connaisseurs de littérature russe prendront à cette lecture plus de plaisir que moi.

Alcofribas
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le 7 août 2017

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