Onirisme etrange
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À la fermeture de La Tour Sombre, volume éponyme et conclusif de l’œuvre de Stephen King, des émotions contradictoires prédominent : tel un maelström confusant, le devenir final du ka-tet de Roland Deschain n’aura pas été de tout repos, et le tomber de rideau quant à la quête de l’obscur épicentre des mondes laisse d’abord pantois... si ce n’est carrément frustré.
J’ai parcouru à nouveau les dernières pages depuis, de manière à y voir plus clair et m’accommoder d’une réalité patente : pouvait-il en être autrement ? Mise en abyme constante s’affranchissant de toutes frontières entre les réalités, La Tour Sombre sera parvenu à son terme en tentant de répondre à une épineuse question, celle-là même qui vous taraude et vous tiraillera encore à l’avenir : à Quoi rime ce Tout, Où nous dirigeons-nous et Pourquoi l’existence ?
La formulation peut paraître pompeuse, mais n’est-ce pas là l’objet premier des aventures de Roland, Eddie et consorts que d’apporter, ou tout du moins tenter, une réponse à notre quête à tous ? En faisant de la Tour Sombre le pinacle des Graals, King visait à éclairer à sa manière ce chemin insondable et son insaisissable finalité : car là est le « fin » mot de l’histoire, l’auteur rendant bien compte de l’incompatibilité chronique liant pareil Fantasme Existentiel et Dénouement Révélateur.
Dans une veine plus terre-à-terre, La Tour Sombre ne démontre que trop bien de la difficulté entourant la conclusion d’un récit, les attentes de l’audience, de l’auteur et de ses propres personnages s’entrechoquant dans un ensemble insoluble : c’est à ce titre que la « boucle » réservée à Roland est une réponse des plus judicieuses, quand bien même nous devrions l’accueillir d’abord avec réserve. Le recul aidant, le doigté de l’auteur n’en est alors que plus appréciable, celui-ci plaçant son Pistolero fétiche et son lecteur devant l’évidence : loin de toutes ficelles malhabiles, King parachève l’essence-même de pareille quête obsessionnelle en lui apportant une subtile plus-value.
Au rayon « Quintessence », le futur de Susannah n’est également pas en reste sitôt que l’on passe outre de déplaisantes alternatives potentielles, le roman entretenant quelques doutes sur ce point. Mais plutôt que de céder au pessimisme, l’indicible bonheur que soulève son devenir constitue une illustration parfaite de nos fantasmes les plus fous, ceux-là mêmes dont l’accomplissement tiendrait du rêve éveillé : une pierre de plus à la portée symbolique que revêt donc La Tour Sombre, elle qui n’aura pas eu son pareil pour élever son récit jusqu’aux sommets.
Quelle Aventure mes amis. Si l’on quitte Roland empreint d’une mélancolie tenace, notre tristesse quant à son « emprisonnement » démontre bien du succès de La Tour Sombre : car si le Pistolero aura ici échoué à découvrir ce qu’était sa véritable « Tour », nul doute qu’il le comprendra au prochain essai, l’espoir étant de mise... et, alors, le ka-tet sera et perdurera.
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le 17 août 2019
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