En lisant le résumé je me suis laissée tentée par ce livre. Déjà parce que je ne lis pas si souvent que ça des policiers (à part dernièrement Le Nom de la Rose, mais bon c'est un policier médiéval) et je me suis dis pourquoi pas découvrir un peu plus le genre, et en plus l'un des personnages principaux est dessinateur de comics. Et moi j'aime beaucoup les comics. Bref autant d'éléments qui ont décidé à postuler pour ce partenariat. Et je dois dire que j'ai bien fait.
J'ai été agréablement surprise par cette lecture. J'ai littéralement dévoré ce roman. Et sans ce partenariat je serais passée à côté d'une belle découverte, car la couverture plus que sobre ne met pas le livre à son avantage et jamais je ne m'y serais attardée de moi-même. Mais comme on dit on ne juge pas un livre à sa couverture. Et puis tous les livres des Editions Kyklos sont proposés de la même manière, donc on ne peut être qu'attirer en prêtant attention au titre et au résumé.
Pour en venir au contenu même du livre, La bataille des fort est un bon polar au scénario bien ficelé et aux personnages très bien campés, avec une réelle personnalité qui évolue au fil de l'histoire, et en plus cela ne concerne pas que les personnages principaux, mais également les personnages secondaires, ce qui révèle une certaine qualité d'écriture. Ainsi le lecteur est facilement captivé par le récit, on arrive à s'attacher aux personnages et on suit l'enquête menée par Pharos avec la même envie de vouloir attraper le criminel.
D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé le personnage de Pharos, un mec totalement déconnecté socialement et véritable « disque dur » vivant, qui se trouve être patient d'un hôpital psychiatrique et s'improvise enquêteur de choc pour aider son nouvel ami Arthur White rencontré dans ce même hôpital.
En parlant d'Arthur White, le personnage central, il est réellement touchant dans sa douleur d'avoir perdu sa fille, et dans sa fragilité malgré son apparence plutôt robuste.
L'autre personnage qu'il ne faut pas oublier : Allan Nero, le tueur, qui a commencé sa série de meurtres par Jenny, la fille de White. J'ai aimé me perdre dans les méandres de l'esprit tordu de ce fanatique à l'ego sur-dimensionné qui s'inspire de la mythologie grecque pour orchestrer ses meurtres. Bien souvent il m'a énervé, mais il m'a aussi fascinée.
L'originalité de ce polar c'est que dès le départ on sait qui est le tueur. On peut se dire que ça nous gâche le suspens, mais en fait tout l'intérêt de ce roman c'est de suivre l'enquête, la course-poursuite menée par Pharos mais aussi par la police et le FBI. Nous avons 2 enquêtes : l'enquête classique menée par les forces de l'ordre, mais aussi celle initiée par Pharos qui use de toutes ses facultés logiques et de ses connaissances pour aider le dessinateur.
L'autre originalité (sans que ça en soit vraiment une) c'est la multiplicité des points de vue. Il y a quasiment un point de vue par personnage (même les personnages secondaires qui n'apparaissent qu'une fois). J'ai vraiment apprécié cette narration qui a très bien rythmé la lecture.
Pour en venir au style d'écriture, l'auteur a une écriture agréable et très fluide, c'est simple et limpide. On passe donc un agréablement moment, sans se prendre trop la tête. Et chose qui m'a faite extrêmement plaisir : le romancier s'est très bien documenté sur l'univers des comics, mais aussi sur la mythologie grecque, et plus largement sur la « way of life » américaine.
En effet, il y a par exemple le côté très road trip de cette histoire : l'assassin (surnommé Le Voyageur) se déplace principalement en voiture, et on sait que la voiture est un réel symbole aux Etats-Unis, c'est une manière de vivre, de penser, et je trouve que sans sa voiture le meurtrier ne serait plus le même. Pareillement plein de petits détails ponctues l'histoire : la description des différentes villes américaines sont souvent très justes (New-York ne se décrit pas pareil que Phénix et les gens n'ont pas la même mentalité), la mention du Heart Attack Grill (dont j'en avais déjà entendu parlé), etc... Et la fan de Catch en moi a crié de joie à la mention de l'Undertaker sur quelques lignes. :p
Bref, un auteur qui écrit bien, et qui se documente pour écrire une histoire un minimum vraisemblable au niveau du contexte apporte un plus indéniable. Je pense qu'avec des personnages, un contexte et une intrigue maîtrisés, les lecteurs sont assez facilement happés par l'histoire et dès lors il en devient difficile de lâcher le livre.
Pour un premier livre, Guillaume Gonzales a fait fort, et j'ai hâte de pouvoir lire ses prochains ouvrages. D'autant que la fin du livre peut lui permettre d'écrire une suite à son oeuvre. (j'ai adoré ce final) S'il y a une suite, je serai la première à me jeter dessus.
Un bon livre, une belle découverte que je conseille à tout ceux qui aiment les romans policiers.