La principale qualité de La Mauvaise santé par les plantes serait-elle d’éviter les défauts récurrents de ce genre de livres – en l’occurrence l’humour lourd façon blagues sur les belles-mères et le sensationnalisme façon Vous ne devinerez jamais quelle plante mortelle se trouve dans votre jardin ?

En tout cas, Julie Subirana sait manier l’humour avec légèreté mais non sans une pointe d’acidité, par exemple quand elle mobilise la définition « officielle » de la santé : « On ne peut plus de nos jours tuer en toute impunité en utilisant n’importe quelle substance toxique. Mais la santé étant définie, selon l’OMS, comme “un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité”, vous n’êtes plus obligé de recourir à ces ressources radicales » (p. 31). D’un livre paru dans une collection consacrée à la mort (« Dilaceratio corporis », éditions Fage), on était certes en droit d’attendre un peu d’humour noir.

La bonne surprise, c’est donc bien que l’autrice fait de la littérature : « Mais outre son odeur atroce et son état de quasi carnivore, l’arum possède de nombreux charmes : s’il fait le malheur de vos cellules olfactives, il fait aussi le bonheur des centres antipoison. Toutes les parties de la plante sont toxiques » (p. 33) : dosage de l’ironie, rythme de la phrase, sens de la micro-chute, voilà qui plaira aux stylistes.

Du reste, Julie Subirana est toubib, il y a donc toutes les raisons de lui faire confiance – et, dans le doute, de ne manger aucune fleur hors artichaut, ni de manière générale aucun aliment de couleur verte qui ne soit pas clairement identifié comme 1° un chou de Bruxelles, 2° une courgette, 3° un kiwi. (J’ai dit que La Mauvaise Santé par les plantes est drôle, pas que cette critique le serait.)

Alcofribas
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le 26 août 2025

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