Délicatesse et clarté du style, ironie malicieuse pour combattre l'hypocrisie sociale et amour des femmes qui s'exprime à travers la sensualité, telles sont quelques-unes des caractéristiques de Habib Selmi, un auteur tunisien d'expression arabe, traduit avec bonheur chez Actes Sud : Les humeurs de Marie-Claire, Souriez, vous êtes en Tunisie, etc. Son dernier roman, La nuit de noces de Si Béchir, est tout à fait représentatif de son art pour un sujet, la virginité, autour duquel se cristallisent des structures mentales, sociales et religieuses rétrogrades. L'action du livre se déroule dans un village isolé de Tunisie où les échos de la révolution parviennent de façon assourdie mais semblent malgré tout libérer l'animosité contre les citoyens considérés comme nantis. Ceci explique sans doute la rumeur qui court à propos du dénommé Béchir dont il se murmure que quelques années plus tôt, lors de sa nuit de noces, il aurait été suppléé par son meilleur ami, Mustafa. A partir de cette fausse nouvelle (mais qui cache un autre secret), Habib Selmi construit une suite de scènes, le plus souvent à deux personnages, où apparaissent non seulement Béchir et Mustafa mais aussi leurs deux épouses ainsi que le beau-père et la belle-mère du premier. La trame est ténue mais jamais le livre ne tourne en rond, riche sur le plan psychologique et serti d'un humour narquois pour mieux dénoncer quelques tabous sociaux ou religieux. Plus que jamais, il y a chez Selmi cette double qualité de conteur oriental et de moraliste qui fait joliment mouche.

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le 19 avr. 2019

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