Dans tous les sens
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Que dire sur la Promenade de l’ombre et autres nouvelles ? Sinon que j’y ai retrouvé Guillaume Apollinaire tel que j’aime à me le représenter : l’érudition discrète, la fantaisie douce, la légèreté sans le superficiel. Les portraits en uniforme de 1916 ou 1918, avec Jacqueline Kolb, où il n’a pas l’air d’être un écrivain, juste du brave type qui est parti faire la guerre sans y être contraint et qui en est revenu. Le touche-à-tout qui parvint à écrire un récit pornographique, drôle et intelligent, là où un auteur qui mêle dans un seul texte deux de ces caractéristiques peut déjà s’estimer fier de lui. « Les pétales des grandes fleurs […] ridés comme des paupières » dans « La Plante », et qui font écho à ceux de « Mai » (c’est dans Alcools).
Bien sûr, aucun des textes réunis ici ne révolutionne la littérature, ni même l’art de la nouvelle. On ne leur demande pas ça. On ne leur reprochera pas non plus de ne pas livrer de grandes vérités sur l’art, la vie, la guerre, l’amour ; Guigui n’est pas de ce bois-là. Des commerciaux en quête d’arguments de vente parleraient des qualités de visionnaire d’Apollinaire (dans « Chirurgie esthétique », « Traitement thyroïdien » ou « Trains de guerre »), de son sens de l’absurde (« La Promenade de l’ombre », « Mon cher Ludovic ») ou de sa façon de renouveler les contes traditionnels (« La Suite de Cendrillon », « L’Étoffe invisible »), mais est-ce vraiment important ?
Un mot, tout de même, sur les Éditions Marguerite Waknine, qui avec un protège-cahier, une vingtaine de feuilles A4 et un massicot, réussissent à fabriquer d’étranges livres qui ont de l’allure. J’en connais qui mobilisent plus de moyens pour produire des objets bien moins élégants.
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Créée
le 9 juil. 2018
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