La route de Haut-Safran - La tyrannie de l'arc-en-ciel, tome 1 par Nina in the rain

Aaaaaah, Jasper Fforde. Son grain de folie, ses bouquins autour de la Jurifiction et son délire autour du monde des livres (pas le journal, hein)... Comme beaucoup de libraires et de bibliothécaires, j'adore Jasper Fforde et ses romans m'ont fait hurler de rire pendant des années. Autant vous dire que lorsque j'ai vu, sur un coin de table, un nouveau roman de lui, je me suis jetée dessus sans me poser plus de question (enfin, si, j'ai vérifié que ce n'était pas de la jeunesse). Et donc, en rentrant à la maison, j'ai abandonné tous mes projets de lecture sérieuse et compassée pour attraper La Traversée de l'arc-en-ciel, persuadée de passer un moment d'exception et de drôlerie.



Rien qu'au ton de cette intro, j'imagine que vous avez tous compris que ça a raté. Si vous n'aviez pas compris, relisez-la sérieusement, avec vos cours d'analyse littéraires du lycée. Si vous n'êtes pas encore au lycée ou si vous n'y avez jamais été, vous êtes pardonnés, mais de justesse. Et encore. Bref, aujourd'hui, j'ai été déçue par Jasper Fforde. J'entends déjà les hurlements de surprise et de consternation qui doivent être les vôtres, mais il faut accepter cette vérité première que les auteurs ne sont pas toujours égaux. Que les idées ne sont pas toujours excellentes. Que les personnages ne sont pas toujours de ceux auxquels on s'identifie...



Je n'irais tout de même pas jusqu'à dire que je n'ai pas aimé. Il y a un style inimitable chez Fforde qui fait qu'on apprécie tout de même sa lecture, qu'on passe un bon moment, mais je n'ai pas été transportée. D'abord, le personnage principal, Edward (non, pas le vampire) ne m'a pas fascinée, loin de là. Si le roman avait été vu du point de vue de Jane, j'aurais probablement plus accroché, mais là ce bonhomme un peu falot, pas très vif et surtout engoncé dans les traditions, ça m'a un peu saoulée. Ajoutons à ça que le roman pâtit d'un certain manque de rythme qui fait préparer pendant quatre cent pages une expédition qui en dure à peine cent, vous comprendrez que ce n'est pas la lecture de l'année. Le monde créé est peu sympathique mais intéressant, une espèce de dystopie montrant une société dont la hiérarchie est basée sur le daltonisme d'une population dont les yeux se sont réduits aux simples pupilles suite à un « Truc-qui-s'est-passé » et qui vit dans les décombres de notre société. Les personnages sont bien campés mais un poil trop manichéens à mon goût, et je ne suis pas persuadée que ça s'améliore réellement dans les deux tomes à suivre (c'est une trilogie). Bien sûr, je les lirai quand même, parce que je suis une grande malade, mais vous le saviez déjà. On verra quand ils paraîtront. En tout cas j'ai déjà repéré en anglais un nouveau Thursday Next, ça devrait calmer mes appétits de dodos et de bouquins vivants.