Il faut toujours se méfier des références "classiques" que certains critiques brandissent pour qualifier un roman contemporain. Quoique, quand le New York Times évoque Tolstoï pour La vie des autres de Neel Mukherjee, il n'a pas complètement tort sur un point : il est très compliqué de se retrouver dans la multitude de personnages de ce livre choral, lesquels outre leurs noms possèdent des surnoms et s'identifient parfois par un terme indien signifiant le lien familial (grand oncle, frère cadet, etc.). L'arbre généalogique qui figure en début d'ouvrage est donc très précieux et il est même conseillé de l'avoir constamment sous les yeux pendant la lecture de ce pavé. La vie des autres aurait pu adopter comme sous-titre La chute de la maison Ghosh, du nom de cette famille plutôt prospère depuis les investissements de son désormais patriarche et qui n'en finit pas de décliner vers la fin des années 60. Du point de vue purement financier (les affaires vont mal avec une gestion déplorable) mais aussi rongée par des dissensions intestines et des affrontements entre membres d'une même famille qui cohabitent dans une demeure où tout finit par se savoir y compris les agissements plus ou moins honteux de chacun. Et Neel Mukherjee n'épargne à peu près personne dans cette chronique sur 3 années (de 1967 à 1970) dans un style réaliste et violent. Le livre ne manque pas de souffle, certes un peu moins que ceux d'Amitav Ghosh, Rohinton Mistry ou Vikram Seth, mais il est traversé par de nombreux et longs passages "techniques" pas vraiment passionnants (l'industrie du papier, la théorie des nombres premiers). On peut passer sur les nombreux sauts en arrière dans le temps et quelques détails plus ou moins sordides mais pas sur les fastidieuses aventures paysannes d'un rebelle maoïste, racontées sous forme de lettres non expédiées, qui reviennent toutes les cinquantaines de pages et s'étirent dangereusement en longueur. L'écrivain est maître de son livre, c'est une évidence, mais le modeste lecteur lambda ne peut s'empêcher de penser qu'en coupant quelque peu, La vie des autres aurait été un bien meilleur roman.

Cinephile-doux
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le 17 déc. 2016

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Cinéphile doux

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