Voilà une lointaine envie que j'ai enfin satisfaite ! Ça se fête …
Bien entendu, j'aime beaucoup "le Capitan" de Hunnebelle avec les inénarrables et inoubliables Jean Marais et Bourvil … Mais l'occasion de prolonger ces deux personnages par la lecture du roman d'origine n'est pas quelque chose à dédaigner par les temps qui courent …
D'abord, il faut savoir que ça fait 900 pages à ingurgiter. Et je me plais à imaginer Hunnebelle s'arrachant les cheveux pour transformer, ajuster et résumer sans dénaturer le roman. Et je dois dire que c'est plutôt réussi car le film parle vraiment des mêmes évènements en les simplifiant ou en les synthétisant. Plusieurs fois, je me suis dit "ah dans le film, celui qui fait ça, c'est un tel.
Mais ce qui est absolument super, pour moi, bien sûr, c'est de reconnaître dans les deux personnages principaux du roman, nos deux acteurs. L'un bravache qui n'écoute que son devoir et son cœur, l'autre, du genre dévoué et bon comme le bon pain, baladin dans l'âme. Même si dans la nuance, je crois que je préfère le personnage joué par Bourvil, plus romantique que celui de Cogolin du roman, plus cupide. En fait, on est exactement dans la nuance qui donne de la perspective aux personnages.
Chez Zévaco, c'est comme chez Dumas ou Féval, on ne s'emmerde pas trop avec les détails de l'Histoire. Il faut que l'Histoire veuille bien se plier à l'histoire … Par exemple, le personnage de Marion a existé et œuvré sous Louis XIV et non sous Louis XIII. Ou encore, le marquis de Saint-Marc n'était pas encore né au moment de l'action dans le roman …
Mais ça n'a vraiment aucune importance car, pour moi, la seule véritable Histoire de France que j'aime, c'est celle où Henry IV recommande aux français de bouffer tous les dimanches de la poule au pot, celle de Jeanne d'Arc, humble bergère qui entend des voix et prend les armes pour bouter l'angliche hors de France, etc, etc. J'exagère un peu mais à peine …
Oui, pour revenir aux deux personnages anachroniques (il y en a sûrement d'autres), je pense, qu'en termes de probabilités, il y avait sûrement des iso-Marion ou iso-Saint-Marc sous Louis XIII. À toutes les époques, ça ne devait pas être difficile de trouver des intrigantes à la Cour ou des conspirateurs ou des jaloux, …
À la différence de Féval ou de Dumas, le roman de Zévaco est une succession d'actions trépidantes, souvent sur le même schéma, où les femmes sont des enjeux très importants qui guident les actions politiques. Les grands du royaume (Concini, Richelieu (même lui …), Marie de Médicis, etc …) sont amoureux de femmes (ou d'hommes, déconnons-pas à l'époque, pour Marie de Médicis) alors qu'elles (ou il) sont amoureux d'autres personnes. Ce qui est tout-à-fait fâcheux et conduit à de nombreux quiproquos, duels, complots qui sont autant de péripéties et d'aventures flamboyantes. Il n'y a que Louis XIII du haut de ses quinze ans, déjà marié à Anne d'Autriche, guère plus âgée, qui n'a pas encore de maîtresse ni de velléité pour en prendre une.
Et quand le lecteur arrive à la fin et que tout s'arrange (non, désolé, ce n'est pas vraiment un spoil), c'est tout juste si le lecteur ne lâche pas sa petite larmichette tellement il a suivi toutes ces aventures terribles avec passion. C'est que, si le roi a été sauvé plusieurs fois par le Capitan, lui-même, est passé souvent à deux doigts (que dis-je, deux cheveux) de la tragédie.
Et puis, pour finir, si vous voulez une lecture pas trop foulante, bien balancée, avec du suspense, sans prise de tête, n'hésitez pas, Zévaco est là avec son Capitan …