Le cas critique du dénommé K ne répond pas précisément à l'idée que l'on se fait de la littérature saoudienne, si tant est que l'on puisse émettre un avis, vu le peu de traductions disponibles en français, en provenance des Pays du Golfe. Le livre d'Aziz Mohammed, auteur né en 1987, est d'emblée surprenant par sa tonalité désinvolte et cynique, avec un narrateur qui ne cesse d'évoquer Dostoïevski, Hemingway et surtout Kafka, n'éprouvant dans sa vie quotidienne qu'ennui et mépris pour ses contemporains. Quand le roman décrit le monde du travail, c'est un pur délice de mauvaise foi, avec des comportements pas si différents de ceux que l'on connait en Occident. Le dénommé K. (toujours la référence à Kafka) est un type de 26 ans que l'on peut qualifier d'asocial et de vaguement dépressif, en tous cas en proie à un spleen continuel. Et ce n'est pas les relations familiales qui le rendront heureux, eu égard à ses rapports conflictuels avec sa mère, son frère et sa sœur. K. est un vilain petit canard, sans beaucoup de goût pour la vie. Toutes les pensées plus ou moins philosophiques de ce sombre héros sont très drôles, la plupart du temps, l'auto-dérision faisant partie de ses caractéristiques. A partir du moment où une grave maladie frappe K., une leucémie, ce n'est pas rien, le ton du livre n'évolue pas tant que cela mais s'enrichit de nouvelles facettes, à commencer par une lucidité impressionnante. Et c'est avec un luxe de détails concernant l'évolution du mal que Mohammed étonne encore, comme s'il avait véritablement vécu cette épreuve. Le cas critique du dénommé K. est le premier roman d'Aziz Mohammed, publié en 2017 en arabe. Sa biographie indique qu'il est poète, nouvelliste et critique cinématographique. Espérons qu'il persévérera dans le roman, un domaine où son talent est indubitable.

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le 5 févr. 2021

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