Paris, automne 1819.
On débarque dans une pension franchement miteuse, rue Neuve-Sainte Geneviève : La pension Vauquer, du nom de la vieille qui gère ce boui-boui.
Vieille baraque à la façade décrépite dans un Paris dégoûtant, comme une Patricia Kaas ouvrant les yeux de bon matin dans son loft Francilien.

Dans ce taudis nauséabond, toute une faune de personnages disparates et quelque peu malsains se côtoient, se jugent, se regardant du coin de l'oeil à l'image d'une émission de Frédéric Taddéï où Marc-Edouard Nabe, BHL, Alain Soral et Alain Jakubowicz se disputent au sujet du temps de cuisson des falafels.
Mlle Michonneau, Victorine Taillefer, Madame Couture, Monsieur Poiret, Bianchon, Vautrin, Eugène de Rastignac et le père Goriot.
Voilà quelques noms qui hantent cette "maison des secrets" du XIX ème siècle avec la mère Vauquer dans le rôle d'une Benjamin Castaldi, mais sans retouches chirurgicales.

Quelques tronches sortent de l'ordinaire dans cette pension.
Il y a un certain Vautrin, homme d'une quarantaine d'annèes, rustre et grossier comme un touriste du mois d'Août.
Un dénommé Eugène de Rastignac, jeune provincial fils d'une famille noble et désargentée de Charente venu faire son droit à Paris, dévoré d'ambition et d'espoir comme ces blondes peroxydées sortant de leur premier casting avec le cul qui boîte et une paralysie de la mâchoire.
Nous trouvons aussi notre bon père Goriot dans cette cour des miracles Balzacienne.
Notre bon papa Goriot était dans la vermicelle et autres macaronis. Homme de coeur qui n'hésitait pas à resservir ses convives, doublant la ration de penne rigate, inventant grâce à ce bon coeur légendaire, l'expression "Double penne" que certaines demoiselles à l'appétit solide n'hésitent pas à réclamer en le criant très fort.

Papa Gogo fait partie du mobilier dans la pension Vauquer. Arrivé en 1813, plein d'oseille et sapé comme un milord, le voilà années après années se voûtant tel notre bon Jean-Marc Ayrault s'endormant en plein conseil des ministres, et pauvre comme Job si il avait existé.
Pis ça jase dans la "maison des secrets", Papi Gogo sort tard le soir.
Papi court la gueuse ! Voilà où qu'il passe le flouze !! Paumé dans le décolleté généreux d'une prostipute de théatre de boul'miches.

Pendant ce temps notre jeune loup : Gégène Rastignac qui commence à en avoir marre de bouffer ses semelles de chaussures, se fait inviter chez les culs-serrés par sa cousine au nom appétissant : la callipyge Mme de Beauséant.
La soirée est superbe, Gégène en prend plein la gueule.
Il drague à tout va, balance ses meilleures vannes et son regard de braise à faire passer Georges Clooney pour Bernard Menez.
Mais l' est pas d'la haute le gamin !
Tout le monde se fout de sa gueule avec ses manières de provincial mal dégrossi et son fil de bave qui lui coule des lèvres quand il s' approche de trop prés des petites bourgeoises, et notamment d'une certaine Anastasie de Restaud, comtesse de son état.
V'là notre Gégène, et sa langue qui traîne derrière lui, le lendemain chez la comtesse, à lui faire du gringue.
Et vas-y que j'te fais des clins d'oeil, et vas-y que je suis un bon coup, et vas-y que ma bourse n'est pas bien remplie mais que mes bourses quand à elle déborde sur votre joli tapis Persan.
Ni une ni deux, la comtesse lui file 2 baffes dans la gueule et le renvoie à ses chères études.

Gègène décide d'aller se consoler chez les fesses de sa cousine, où il y fait la connaissance de la Duchesse de Langeais. Que du beau linge ! C'est par ses 2 aristos à froufrou que notre "Gégène les dents longues" va entendre l'histoire de celui dont tout le monde se fout, l'histoire de Papa Goriot.
Pis, elle est pas gaie son histoire à l'ancien !
Cet ancien négociant a fait fortune pendant la révolution. Il a consacré tout son pognon au bonheur de ses deux filles, Anastasie, l'aînée et Delphine, la cadette. Après leur avoir offert une belle éducation, et leur avoir constitué une dot, il a marié Anastasie au Comte de Restaud et Delphine au banquier Nucingen.
Quand le vieux avait du flouze plein les poches, ses filles et leurs mecs lui manifestait encore un peu de sollicitude mais maintenant c'est : Débrouilles-toi avec ce quignon de pain et cette pomme, en mâchant doucement tu pourras faire la semaine.

En apprenant toute l'histoire et sous ces airs de julot de baraques à frites, notre Gégène l'est ému jusqu'aux larmes. Madame de Beaucul lui explique que les gonzesses ont beaucoup de pouvoir dans les salons coincés du fion de la bonne société et lui suggère même d'attaquer direct au soutif' Delphine de Nucingen, la seconde fille de Papi Gogo.
De retour à la "maison des secrets", Gégène se prend de sympathie pour le vieux.
Mais le grand Vautrin lit dans le gamin comme dans un livre ouvert. Il lui propose de pécho la petite Victorine Taillefer et de buter son frangin pour soutirer un héritage juteux comme le compte en Suisse de Cahuzac.
D'abord alléché par ce pognon facile, Gégène refuse malgré tout. Vautrin lui laisse 15 jours pour réfléchir.
Mais Gégène préfère réussir par lui-même, tout juste aidé de ses 25 cm.
Le voilà qui déboule aux "Italiens" sapé comme un prince, bien décidé à pécho de l'aristo. Il se fait présenter Delphine de Nucingen et la drague aussi finement qu'un paysan drague sa promise dans "l'amour est dans le pré".

De retour à la Pension, Gégène raconte sa rencontre avec Delphine au vieux, en évitant de causer des mains au cul qu'il a distribué à tour de bras.
Il devient l'amant "officiel" de Delphine de Nucingen et découvre que la bourgeoise n'a plus beaucoup d'oseille.
Son mari le banquier Nucingen s'est accaparé son pognon, mais grand seigneur, la laisse s'amuser à touche-pipi avec de jeunes apollons.

Revenant à la "maison des secrets", Gégène explique la situation à l'ancien qui se désespère d'avoir engendré de telles connasses.
Le gamin traîne les soirées huppées de la capitale mais se rend vite compte que ça coûte cher de fricoter avec les gonzesses en diamant.
Tout ça sous l'oeil cynique de Vautrin qui poursuit secrètement la préparation du meurtre du frère de Victorine.

Pendant ce temps, certains locataires de la pension en apprennent de bien belles sur Vautrin.
Cette vieille ordure n'est autre qu'un évadé du bagne de Toulon où il avait le même surnom que Jean-Pierre Chevènement : Trompe-la-mort.
Après ces révélations, la police est prévenue et Vautrin est arrêté. Mais le complice de c't'enfoiré a eu le temps de faire la peau du frangin de Victorine.

...Là tout s'enchaîne !...Et pas pour le mieux !!

Tout le monde s'arrache les uns après les autres de "la maison des secrets".
Les finances des filles Goriot se cassent la gueule.
Delphine se voit ruiné par son banquier de mari, tradition millénaire chez ces gens de faire n'importe quoi avec le fric des autres.
Anasthasie se retrouve acculée par les dettes de son amant : Maxime de Trailles, et se voit dans l'obligation de vendre les diamants de la famille comme une vulgaire Stèf' de Monac' remboursant les frasques sexuelles du poissonnier Ducruet.
Là le vieux nous fait un malaise.
Crise d'apoplexie selon Bianchon, le docteur officiel de "la comédie Humaine".
Gégène se casse aux "Italiens" passer la soirée avec Delphine et lui annonce que son vieux est au bout du rouleau.
Mais la Delphine, son vieux, elle en a rien à carrer.

Papi Gogo est comme François Hollande dans les sondages, au plus bas, au plus mal et sans le moindre espoir.
Ce qu'il voudrait le vieux c'est revoir ses 2 pitchounes avant de calancher.
Mais personne ! Pas de filles !
Seul Gégène et le docteur Bianchon sont avec lui et vont l'aider à franchir le pas.

- "A six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l'argent de l'étudiant. Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées de terre sur la bière pour la cacher, ils se relevèrent et l'un d'eux, s'adressant à Rastignac, lui demanda leur pourboire. Eugène fouilla dans sa poche et n'y trouva rien ; il fut forcé d'emprunter vingt sous à Christophe. Ce fait, si léger en lui-même, détermina chez Rastignac un accès d'horrible tristesse. Le jour tombait, un humide crépuscule agaçait les nerfs, il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d'un cœur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux. Il se croisa les bras, contempla les nuages, et le voyant ainsi, Christophe le quitta.

Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine, où commençaient à briller les lumières. Ses yeux s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnant un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses :

- A nous deux maintenant !

Et pour premier acte du défi qu'il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez Mme de Nucingen."

FIN

( Viendez réviser vos classiques et passez votre Bac les doigts dans le pif sur : http://www.senscritique.com/liste/La_Litterature_pour_les_nuls_ou_Les_classiques_racontes_par/354975 )
Ze_Big_Nowhere
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le 10 févr. 2014

Modifiée

le 15 févr. 2014

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