Premier tome de la trilogie d'Ayesha, le Peuple Turquoise est un roman de fantasy avec une touche de romance et une absence remarquable de magie ou de créatures surnaturelles. Il est co-écrit par Anne et Gérard Géro sous l'alias Ange.


En bref : Marikani est l'héritière du royaume d'Harabec. Descendante en ligne directe de son dieu tutélaire elle est la dirigeante et protectrice de son peuple. Lors d'un voyage diplomatique avec sa suivante, Lienor, sa galère est coulée. Survivant in-extremis, elle sauve deux galériens de la noyade à grands risque : le sombre Arekh et le jeune Mîn. Ensemble ils vont devoir traverser la moitié du monde, poursuivis par les sbires de l'Émir, rival d'Harabec qui veut la peau de Marikani. Durant cette course infernale pour leur vie, ils vont apprendre à se connaître. Elle, l'idéaliste farouche et détentrice d'un pouvoir divin, lui, la lame aiguisée au passé tourmenté, blasé et fermement athée. Envers et contre tout ces quatre individus que tout oppose vont entretenir la plus précaire des alliances pour sauver leur peau.


Et le peuple Turquoise dans tout ça, me direz-vous ? Les prêtres de tout Tanjor ont assisté voilà des millénaires à l'arrivée venue de nulle part d'un nouveau peuple humain. Identifié à leurs yeux bleus caractéristiques, ils deviennent aussitôt des victimes. Déclarés sous-humains par les religions de toutes les royaumes ils sont depuis réduits en esclavage et victimes de ségrégations abominables. Un jour, leur déesse Ayesha est censé les libérer de ce fardeau.


Ce premier tome se remarque par son rythme très dynamique. Les personnages passent un temps considérable à fuir chasseurs ou animaux. On sent bien leur fatigue physique et morale face à la pression qui ne se relâche jamais. C'est aussi un moyen pratique pour nous faire parcourir à toute allure de nombreux endroits. Des étendues sauvages, aux cités souterraines oubliées en passant par une ville flottante indépendante, il y en a pour tous les goûts. Idem pour les peuples qu'ils rencontrent avec leurs coutumes étranges. Mais partout, de l'intrigue, de la manipulation et du danger.


En effet, l'héritière d'Harabec représente une cible tentante, quasiment isolée de son royaume avec ses trois compagnons débraillés pour seule protection. Comme elle le dit elle-même, il vaudrait mieux qu'elle meure plutôt qu'elle soit retenue en otage ou échangée contre une rançon. Ce qui ne facilite pas vraiment la tâche d'Arekh. Cet homme trouble qui se haït pour ce qu'il a fait par le passé est non seulement une fine lame, mais aussi un maître de l'intrigue. Ses talents seront nécessaires s'ils veulent survivre aux nombreux traquenards qui les attendent.


A plusieurs reprise Arekh envisage de partir et de laisser les deux femmes à leur destin, après tout ce n'est pas lui qui est pourchassé. Mais il a une dette envers Marikani qui lui a sauvé la vie. Maintenant il va falloir rembourser, et le prix va être plus élevé qu'il ne s'y attendait. Liénor, suivante de Marikani voit clair dans son jeu, et son coté sur-protectrice et sa méfiance instinctive lui permettent de percer le voile qu'Arekh maintient tant bien que mal en guise de masque. Ces deux là éprouvent une haine aussi virulente que mutuelle. Comme si leur situation n'était pas assez bancale...


Premier tome d'une trilogie, le Peuple Turquoise à l'avantage d'être un premier tome d'introduction qui se suffit à lui-même et ne passe pas pour tel. Certes, on découvre plein de choses, y compris les facettes complexes de nos héros, mais pourtant l'histoire avance bel et bien, avec une fin en apothéose qui conclu une grosse partie de l'intrigue (et dramatique en plus). Pratique si vous n'avez pas le temps de vous lancer dans une trilogie.


Comme annoncé plus haut, c'est un monde étrange qui nous est dépeint. Bien qu'on le classe sans hésiter dans la catégorie fantasy, ce roman est remarquablement dépourvu de magie ou de créatures étranges. La religion est très présente, tout comme les malédictions, les rituels et les superstitions. Et pourtant, concrètement on n'assiste pas à grand chose de surnaturel. Malgré tout ça marche, et même très bien ! Cette dualité magie & religion Vs athéisme blasé est parfaitement illustrée par le couple étrange que forment Marikani et Arekh : ils se lancent plus d'une fois dans une discussion (franche engeulade ?) à se sujet, et aux moments les plus incongrus.


Difficile de parler plus sur ce livre sans dévoiler des moments clés de l'intrigue, cependant il est vraiment bon. Une solide dose d'aventure agrémenté d'un peu de romance et de beaucoup de magouilles, le tout dans une tension palpable et à un rythme soutenu. Un très bon roman étonnamment peu connu !

Cluric
8
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le 13 févr. 2017

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Cluric

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