C’est l’histoire d’une passion. L’Histoire d’une Afrique. C’est d’ailleurs peut-être la même chose.
La passion africaine de Aimé Victor Olivier, vicomte de Sanderval, un entreprenant et industrieux lyonnais qui, à la charnière des XIX° et XX° siècles, attrapa le virus des colonies et se mit en quête de devenir Roi du Fouta-Djalon (une partie de l’actuelle Guinée-Conakry).
Une histoire vraie que nous romance l’écrivain guinéen Tierno Monénembo dans Le roi de Kahel.
Une épopée bouillonnante, picaresque, aux accents de tartarinade : c’est tout à la fois l’Afrique, l’époque et le bonhomme qui veulent ça.

[…] L’Afrique lui apparaissait comme un monumental opéra baroque : des personnages difformes, des scènes extravagantes, une orgie de bruits et de couleurs, une musique jamais entendue ; un spectacle démesuré, à désintégrer l’esprit, à brûler les sens !

L’esprit aveuglé par le racisme colonial de l’époque (un aveuglement qui annonçait les terribles bouleversements du siècle à venir), la cervelle farcie de l’arrogance culturelle occidentale, les sens (et les intestins !) tourneboulés par les charmes africains, le vicomte de Sanderval entreprend expédition sur expédition (pacifiques les expéditions) pour apporter en vrac, le commerce, la philosophie, un roi et le chemin de fer aux peuls du Fouta-Djalon.
Amoureux de l’Afrique depuis son enfance, conquis par les cultures et les tribus qu’il y rencontra et imbu de sa propre personne, le vicomte de Sanderval, futur roi des peuls, était un doux rêveur, un barjot illuminé et son biographe réussit à nous entraîner avec recul mais enthousiasme sur les traces de ce rêve lumineux.
Mais chacun sait qu’après le rêve, le réveil est souvent difficile et l’éphémère Roi de Kahel sera bien vite rattrapé par les réalités historiques d’un colonialisme qui n’était pas le sien.
Comme tous les africains, Tierno Monénembo nous fait profiter d’une plume baroque et colorée mais nous épargne une naïveté qui ne sied pas au propos et sait nous dépeindre une colonisation sans concession.
BMR
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le 29 sept. 2014

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Bruno Menetrier

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