Combat de chef

Il est vrai que je partais avec un a priori positif, car j'aime le personnage d'Arthur et sa légende, ainsi que l'âge sombre de cette époque.

Pour commencer, et c'est une très bonne chose, nous n'avons pas une ressucée de la quête du Graal ou de la table ronde. Ici nous avons le droit à la légende du personnage dans ce qu'il comporte de plus brut, le seigneur de guerre.

Racontée par le personnage de Derfel, un proche d'Arthur, l'histoire nous renvoie dans une Bretagne affaiblie après le retrait des troupes romaines et la mort de son Grand Roi. Et les luttes se multiplient entre les Saxons qui veulent envahir la Bretagne, les autres rois bretons voulant prendre la place du nouvel héritier ou les francs s'attelant à la prise de ce qui sera le Mont Saint Michel !

Le récit va s'articuler autour de nombreux personnages, plus ou moins connus, qui sont la clé du bouquin : Merlin, druide tout puissant, Lancelot, Guenièvre, Gundleus...mais nous sommes ici loin de la magie ou du romantisme outrancier. Nous sommes plus proches de la mort, la crasse, le sang et les tripes. Et le mauvais temps : en Bretagne difficile d'y échapper.

Et c'est là toute la force du bouquin. Non les armures ne sont pas rutilantes, tout n'est pas propre, non Excalibur n'est pas sortie d'un lac par enchantement. On tue aussi des femmes et des enfants. Bref le ton n'est pas édulcoré mais plutôt sombre, puant le sang et la sueur.

Le paganisme et le christianisme luttent en cette période, ce qui ajoute une couche très intéressante par dessus le récit épique fait de batailles, de relations et serments entre les personnages, d'amour parfois, de crachats et de malédictions souvent.

Ce premier tome est une petite merveille qui nous plonge au coeur de l'hiver breton, sombre et indécis.