Le Sumo qui ne pouvait pas grossir par François CONSTANT

« Le sumo qui ne pouvait pas grossir » (Ed.: Le livre de poche, n°33207) de SCHMITT Éric-Emmanuel est un de ces fins livres (moins de quatre-vingt pages) qui nous conte joliment une fable universelle.
Jun, jeune adolescent, vit dans la rue à Tokyo. Petit marchand à la sauvette d’objets plutôt douteux, il a développé une allergie universelle, une allergie universelle.
« J’étais devenu intolérant à la vie entière. Y compris à moi. Un sujet captivant pour la médecine si elle s’était penchée sur mon cas : je faisais de l’allergie universelle. Rien ne m’attirait, tout me répugnait, vivre me provoquait des démangeaisons, respirer mettait mes nerfs en pelote, observer les humais me filait la nausée, subir leur conversation couvrait ma peau d’eczéma… »
Jun, en fonction de son infirmité, vit seul, dans la rue, à la débrouille. Quand un homme s’arrête devant lui et lui déclare : « Je vois un gros en toi », lui, le nabot, le chétif, le mal foutu, il ne peut que croire à la provocation ou à la débilité profonde de cet inconnu.
Au fil du temps, il apprendra à mieux connaître ce Shomintsu. Il comprendra mieux qui il est, d’où il vient, les liens qui trament sa vie et ce qu’il peut devenir. Devenir Sumo, devenir le contraire de ce qu’on a toujours prétendu vouloir être et vouloir ce contraire mais sans nécessairement pouvoir. Où, comment trouver la force de ce devenir ? Dans l’effort, la pensée pure, l’écoute d’un maître, l’écoute de soi et de ce qui, au-delà, plus haut et plus profondément inscrit, est en soi !
Jun, sumo deviendra lui-même, capable d’envisager la vie sans cette allergie universelle qui le bridait alors qu’il se proclamait libre.
Cette fable ne m’apparaît pas avoir atteint le niveau des autres livres de Éric-Emmanuel SCMITT, tels Monsieur Ibrahim ou les fleurs du Coran et encore Oscar et la dame rose où les personnages m’y semblaient plus denses, plus nuancés, plus réels. Mais, après tout, ce n’est peut-être que parce que ces cultures monothéistes me sont plus proche que le bouddhisme zen.
Il reste que j’ai aimé et me suis senti touché par cette approche de l’invisible mêlant enfance, c’est-à-dire promesse d’avenir et spiritualité, c’est- à-dire force et direction de vie.

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le 17 janv. 2015

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