Malgré ses chapitres courts, le Versant Animal est difficile d'accès.
Autour de l'être animal, Bailly entremêle volontairement une espèce de sensorialité philosophique sur fond d'écriture poétique. Il convoque souvent le jeune Riilke dans son voyage, mais aussi Heidegger en contrepoint sur un animal "pauvre en monde".
Je suis loin d'avoir saisi tout le propos, sauf à relire l'opuscule avec plus de lenteur pour en capter les fulgurances métaphysiques. Mais pas sûr que ce soit ce que je sois venu chercher.
En réalité, l'écriture de Bailly exerce sur moi un peu le même effet que les vers de Rimbaud.
Les deux auteurs n'exercent pas dans la même catégorie, pourtant il y a chez l'un comme chez l'autre, une lucidité, et une douceur stylistiques très inspirantes, même si le fond reste souvent inaccessible au commun des mortels.
J'aimerais que Bailly consente à redescendre plus souvent sur Terre. Quand il se met à hauteur d'homme, alors sa puissance lucide sur le sort animal est transcendée par un style d'une force touchante. Mais bien vite, l'homme retourne à ces cieux et démons, pour tenter d'approcher au plus près de l'âme animale afin d'en explorer les ressorts cachés, et ses ricochets au monde qui les entoure.
Un essai inégal, poétique, dispensable, mais inimitable.